Hôtel Le Bois des Chambres & Restaurant Le Grand Chaume

La Salle à manger

Publié le 19/10/2022

Cette salle longue de 17 mètres était au début du XIXème siècle affectée à la cuisine et l’office des domestiques. Les Broglie aménagent cette pièce en salle à manger dans les styles des XVème et XVIème siècles, avec une cheminée néo-gothique, un plafond polychrome et y apportent tous les aménagements modernes liés aux notions de confort de l’époque : eau courante, électricité et système de chauffage par le sol fonctionnant grâce à un calorifère.

Gabriel-Louis Pringué, écrivain et intime de la famille de Broglie, séjourne régulièrement à Chaumont. Il raconte un dîner chez les Broglie dans son ouvrage intitulé Trente ans de dîners en ville : "La princesse Henri-Amédée de Broglie était une femme d’une fantaisie sans limites et d’un caprice toujours en éveil. Aussi détestait-elle toute règle, toute discipline. Elle ne pouvait se soumettre à l’exactitude. Dans son château de Chaumont, le dîner était commandé pour le quart de huit heures ; j’ai rarement vu la princesse descendre avant celui qui précède dix heures. On patientait exquisément d’ailleurs parmi les parfums musqués et sucrés des mauves orchidées dont les salons étaient remplis. Madame de Broglie avait toujours une vingtaine d’invités à demeure dont quelques-uns étaient les sommets de l’intelligence, de l’art, de l’élégance, du monde. (…) La table était couverte d’une éblouissante argenterie que faisait étinceler la lueur des bougies dans les hauts candélabres d’argent à huit ou dix branches. Un surtout d’orchidées vertes à pigments marron ornait en général le centre de la table. L’effet était impressionnant et convenait au décor des tapisseries de haute lice du 14ème siècle qui ornaient les murs de pierre. Le linge de table était superbe, les armoiries des Broglie tissées à même la trame. (…) Voilà le menu d’un dîner pendant le séjour du duc de Montpensier, en décembre 1913 : Velouté à la Reine, Ris de veau à la Maréchale, Saumon de la Loire sauce verte, Gigue de chevreuil sauce poivrade, Purée de marrons, Salade, Cardons à la Moelle, Chaufroid de grives aux raisins, Truffes à la serviette, Glace à l’ananas et Gâteaux".

 

Le mobilier
Pour la salle à manger, un mobilier avait été commandé par les Broglie à de grands ébénistes. La vente d’une partie de ce mobilier en 1938 et le réaménagement muséographique réalisé en 1950 ont peu à peu effacé le caractère "XIXème siècle" pour privilégier l’esprit de la Renaissance. Afin de redonner au Château sa cohérence historique, il a été décidé ces dernières années d’y restituer l’atmosphère qui régnait à l’époque de la famille des Broglie.
Ainsi, plusieurs campagnes d’acquisition ont été réalisées à l’exemple du dressoir, daté de 1880. Ce dernier est constitué en partie inférieure de quatre vantaux sculptés d’entrelacs, cartouches et salamandres ainsi qu’au niveau de la ceinture de quatre tiroirs et montants à colonnes. Il est de plus surmonté d’un dais à quatre étagères. Un dressoir sert à entreposer et surtout, à montrer la vaisselle. Son origine remonte au XIIIème siècle, lorsque, pour gagner de la place, on superpose deux coffres sur le chariot qui transporte les meubles de demeure en demeure. C’est au XIVème siècle que l’on ouvre les portes d’un des coffres, donnant ainsi naissance au dressoir. Au cours du XVème siècle, le dressoir devient de plus en plus élaboré. Lors des fêtes des grands dignitaires, il devient incontournable pour servir d’écrin à la somptueuse vaisselle d’apparat, souvent faite d’or et d’argent.
Si l’on en croit les Honneurs de la Cour rédigé au XVème siècle par Aliénor de Poitiers pour la cour de Bourgogne, le nombre de tablettes variait en fonction du rang du propriétaire au sein de la chevalerie : cinq tablettes ou gradins pour un prince souverain ou une reine ; quatre pour la femme d’un simple prince ; trois pour la femme d’un comte et deux pour la femme d’un simple chevalier.
Le Domaine s’enrichit régulièrement de nouvelles pièces d’ameublement déposées par de grandes institutions comme le Mobilier national, le musée des Arts Décoratifs de Paris et Musée national du Moyen Âge - thermes et hôtel de Cluny, ainsi que par des acquisitions réalisées par le FRECC (Fonds Régional d’Enrichissement des Collections de Chaumont).

 

La cheminée
L’architecte Paul-Ernest Sanson, architecte de la famille de Broglie, conçoit à la fin du XIXème siècle le dessin de la cheminée dans le style néo-gothique et c’est au sculpteur Antoine Margotin que l’on doit sa réalisation.
D’une grande virtuosité, il fait apparaître sur le manteau de la cheminée tout le répertoire sculpté présenté sur les façades extérieures du Château. On retrouve les armes de Charles Ier, propriétaire du Château entre 1468 et 1481 et celles de son fils, Charles II, maître d’ouvrage entre 1498 et 1510, respectivement maintenues par deux anges et deux hommes sauvages. Au registre médian sont sculptées les armes du cardinal Georges d’Amboise, encadrées par le double "C" de Charles II de Chaumont. À chaque extrémité apparaît le rébus étymologique de Chaumont "un mont en flammes" et au-dessus le blason de la royauté française.

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