La princesse Henri-Amédée de Broglie
Marie-Charlotte-Constance Say, héritière des raffineries de sucre Say, est, de 1875 à 1938, la dernière propriétaire privée du Château. Âgée de 17 ans, à la tête d’une des premières fortunes de France, elle achète le château en mars 1875, et épouse le prince Henri-Amédée de Broglie en juin de la même année. Le couple princier transforme considérablement le Château pour le rendre digne des plus grandes réceptions. Ils font installer l’eau courante, l’électricité ou encore un système de chauffage par le sol fonctionnant grâce à un calorifère. Plaisir des yeux et raffinement vont également de pair. Ainsi, les appartements dits "historiques" sont garnis de mobilier du XVème au XIXème siècle, l’escalier d’honneur s’orne de vitraux héraldiques, la salle à manger se pare d’une somptueuse cheminée néo-gothique, les murs du grand salon sont tendus d’une brocatelle de soie jaune. Enfin, un soin particulier est apporté à la décoration de la salle du Conseil, qui retrouve sa fonction initiale de salle de réception, et se dote d’un somptueux carrelage dit Majolique, provenant d’un palais sicilien.
Se rendent à Chaumont une grande partie des souverains d’Europe et d’Orient (Édouard VII d’Angleterre, Don Carlos de Portugal, Charles Ier de Roumanie), les maharadjas de Kapurthala, de Baroda, de Patiala, et des artistes tels que Francis Poulenc, Francis Planté, Marguerite Deval et Sarah Bernhardt.
En 1905, Crosnier, directeur des sucreries Say, fait de mauvais investissements. Ses spéculations imprudentes font perdre un tiers du capital de la fortune de la famille de Broglie et seule l’administration rigoureuse du prince permet de maintenir les apparences. Après sa mort en 1917, la princesse de Broglie gère très mal sa fortune. Suit en 1929, le krach boursier entrainant une dévaluation de la monnaie. En septembre 1930, âgée de 73 ans, elle épouse, en secondes noces, Son Altesse Royale Louis-Ferdinand d’Orléans et Bourbon, Infant d’Espagne, âgé seulement de 42 ans. La princesse de Broglie prend ainsi le titre de princesse d’Orléans et Bourbon.
Suite à de nombreux revers financiers, la princesse d’Orléans et Bourbon morcèle le domaine de Chaumont passant de 2 500 hectares à 21 hectares, procède à la vente de ses multiples propriétés à travers le monde, et se sépare de milliers d’œuvres d’art.
En 1937, l’État engage une expropriation pour cause d’utilité publique et prend possession du domaine le 1er août 1938, ainsi que de la somptueuse collection de tapisseries et de plusieurs pièces d’ameublement à “caractère historique”. La princesse d’Orléans et Bourbon finit ses jours dans deux palaces (le Ritz et le Georges V), dans le palais de son second époux, à Venise, et dans son appartement parisien, rue de Grenelle, où elle décède le 15 juillet 1943, à 86 ans.
Après avoir été monument national, le Domaine devient régional en 2007.