La Salle des Gardes
Au XVIème siècle, cette salle a une position tout à fait stratégique dans le Château et remplit trois fonctions : elle est d’abord le passage obligé pour aboutir à la chambre de parade, sorte de sas de sécurité où les gardes du roi ou du seigneur attendent. C’est également dans cet espace que les gardes s’entraînent à la manipulation des armes. Enfin, ce lieu permet à la fois de surveiller l’extérieur du Château, c'est-à-dire le pont-levis, du côté de la fenêtre donnant sur le parc, et d’avoir un regard sur la cour intérieure.
Les Broglie redonnent à cette salle sa fonction et décident pour cela, une campagne d’acquisition de nombreuses armes datant du XVème au XIXème siècle.
D’autres éléments exposés sur le manteau de la cheminée (bouclier, casque et plates rectangulaires de torse) datent de la fin du XIXème siècle. Ils proviennent de l’Empire Ottoman et ont été offerts par le Maharaja de Kapurthala au prince de Broglie dont il était un ami très proche. La princesse de Broglie recevra, quant à elle, une éléphante nommée Miss Pundgi.
Miss Pundgi
Dans ses mémoires, la comtesse Jean de Pange, nièce du prince Henri-Amédée de Broglie, mentionne lors d’un séjour effectué à Chaumont en 1907: “Je suis bien déçue d’apprendre que Pundgi, l’éléphante n’est plus dans son aouda. Ma tante, à son grand chagrin, a été contrainte de l’envoyer au jardin d’acclimatation. Pundgi devenait méchante du départ de son dernier cornac hindou. L’éléphante qui a passé près de 10 ans à Chaumont rendait quelques services mais mangeait comme vingt chevaux (il semble que ce nombre est exagéré). Mais mon oncle ajoutait ‘Pundgi n’avait pas sa pareille pour suivre les chasses et retrouver avec sa trompe le gibier perdu dans les fourrés’. On regrettait Pundgi mais beaucoup moins les cornacs. Ils avaient le cafard en Touraine. Souvent, le curé était venu au château se plaindre des ravages exercés par les séduisants hindous par les jeunes filles du village.” Comment j’ai vu 1900, Derniers bals avant l’orage, Comtesse Jean de Pange, Éditions Grasset, 1968.
Gabriel-Louis Pringué, écrivain et intime de la famille de Broglie, séjourne régulièrement à Chaumont. Il mentionne, dans son ouvrage intitulé Trente ans de dîners en ville : “que grâce à l’incurie et au goût du jeu d’un des administrateurs de son immense fortune, la princesse de Broglie perdit un beau matin 28 millions de francs or. Elle n’en fut que relativement impressionnée et dit à son mari cette phrase : Aussi ai-je décidé de supprimer les petits pains de foie gras au goûter. Pas un instant elle ne songe a à se débarrasser de son éléphant qui dévorait la ration quotidienne de six chevaux.”