Asinerie
H. Simone Pheulpin
"La nature du pli"
Publié le 12/02/2018
Le matériau qu’utilise Simone Pheulpin est des plus simples : des bandes d’un calicot non blanchi, un coton brut qu’elle trouve encore, en provenance des Vosges.
“Mes réalisations sont le résultat d’une expression instinctive. La souplesse du matériau et le mouvement de superposition conduisent à des formes avec lesquelles jouent l’ombre et la lumière. Elles sont le reflet d’une harmonie avec le monde naturel”. Simone Pheulpin
Le matériau qu’utilise Simone Pheulpin est des plus simples : des bandes d’un calicot non blanchi, un coton brut qu’elle trouve encore, en provenance des Vosges. Cette matière est rendue méconnaissable et comme modifiée dans sa structure et sa nature par son façonnage en un empilement régulier et dense de plis très fins retenus à leur envers par les épingles.
L’étrangeté des ouvrages ainsi obtenus est troublante : c’est de la pierre que l’on croit voir. Les plis se font géologie, en même temps que les formes, volontiers arrondies, semblent relever de l’organique – animal ou végétal on ne sait, quand n’y apparaît pas cette pierre animale que sont les coquillages.
Pas de dessin “je sais ce que je veux“. Rien que la bande entre les doigts, l’épingle pour la fixer ou l’orienter en sens inverse... Elle improvise aussi, car le tissu la conduit. Comme dans tout art, l’idée précède le faire, mais le faire dans sa réalité réinvestit l’idée.
Simone Pheulpin est une originale. Elle n’a jamais fréquenté d’école d’art, mais le graphisme de ses œuvres est sûr. Elle n’a jamais fait l’apprentissage ni du modelage ni de la taille, mais elle construit ses volumes avec un sens sculptural absolu. Elle a inventé une mise en œuvre de l’étoffe réellement nouvelle, un savoir-faire technique dont on ne voit nulle équivalence chez aucun artiste ni en France ni à l’étranger. Au bout de vingt ans, elle n’en a pas épuisé les ressources, mais bien au contraire, y découvre d’année en année d’autres possibilités.
Simone Pheulpin s’attache aussi à l’accident : la faille où se rompent et s’opposent les plis. Prenant ceux-ci par leur extrémité, elle en tire un effet de “moutonnement”, une sorte de “frisure” qu’elle utilise seule ou en composition avec les plis parallèles. Ailleurs, dans ce qu’elle nomme les “écorces”, elle laissera voir les épingles qui fixent le tissus sur l’envers, un envers qui devient celui d’un corps, un dedans, une intimité doucement hérissée.
REPÈRES BIOGRAPHIQUES
Simone PHEULPIN
FRANCE
Simone Pheulpin au Domaine de Chaumont-sur-Loire, 2018 - © Éric Sander
Née à Nancy en 1941, vit et travaille à Puteaux et dans les Vosges.