J. Agnès Varda
"Trois pièces sur cour : La serre du bonheur, à deux mains et L’arbre de Nini"
REPÈRES BIOGRAPHIQUES
Née en Belgique en 1928, Agnès Varda quitte le pays avec sa famille en 1940, à la suite des bombardements. Ils s’installent à Sète. Étudiante, elle rejoint Paris où elle suit les cours de Bachelard à la Sorbonne, intègre l’École du Louvre et obtient un CAP de photographie.
En 1949, elle collabore comme photographe avec le Sétois Jean Vilar, qui crée le Théâtre National Populaire à Avignon. Elle est remarquée pour ses clichés de Gérard Philipe et Maria Casarès. Lorsqu’elle réalise son premier long métrage, La Pointe courte, elle choisit logiquement deux acteurs du Théâtre National Populaire, Silvia Monfort et Philippe Noiret (alors débutant au cinéma). Monté par le jeune Resnais, ce film de 1954 annonce les audaces de la Nouvelle Vague, dont elle sera l’une des très rares réalisatrices de l’époque. Le succès public suit en 1961 avec Cléo de 5 à 7, tandis que Le Bonheur obtient le prix Delluc en 1965.
Enchaînant courts et longs métrages, documentaires et fictions, elle signe en 1957 un film de commande sur les châteaux de la Loire, puis un récit onirique avec Catherine Deneuve (Les Créatures). En 1967, elle accompagne aux États-Unis son mari Jacques Demy, cinéaste rencontré au Festival de Tours en 1958. À Los Angeles, elle fréquente Andy Warhol et Jim Morrison. Elle y tourne une fiction hippie (Lions love) et un documentaire sur les peintures murales. En 1974, elle part à la rencontre de ses voisins de quartier avec Daguerréotypes. Dans Ulysse (1982), elle s’inspire d’une photo prise en 1954 pour mêler réel et imaginaire. En 1988, elle prend pour modèle Jane Birkin et réalise avec elle deux films : Jane B. par Agnès V. et Kung-Fu Master.
Adepte du coq-à-l’âne, du collage et du calembour, Agnès Varda est aussi le témoin de son époque, évoquant les luttes féministes dans L’Une chante, l’autre pas ou la condition de ceux qu’on ne nomme pas encore SDF dans Sans toit ni loi. Ce dernier film remporte le Lion d’or à Venise et un beau succès en salles en 1985. Plus tard, avec Les Glaneurs et la glaneuse, tourné avec sa caméra numérique et une équipe réduite, la cinéaste pointe les excès de la société de consommation.
Agnès Varda tient une place à part dans le cinéma français. Elle se voit ainsi confier pour mission de tourner le film-hommage au 7ème art centenaire en 1995 (Les Cent et une nuits de Simon Cinéma). Sur un mode plus intime elle réalisera trois films dont Jacquot de Nantes en 1991 évoquant l’enfance inspirée de Jacques Demy. Auréolée d’un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 2001, elle investit depuis quelques années l’art contemporain, à travers expositions et installations (Fondation Cartier, CRAC Languedoc Roussillon, LUX de Valence, Galerie Obadia, CAFA à Pékin, LACMA à Los Angeles, Centre Pompidou, Galerie Blum & Poe de New York…). En 2008, elle réalise un émouvant autoportrait, Les Plages d’Agnès, salué à Venise et César du meilleur film documentaire. En 2017, elle reçoit un Oscar d’honneur. Cette même année, elle réalise avec l’artiste JR le documentaire Visages, villages auquel le Festival de Cannes décerne un Œil d’Or. Son dernier documentaire, Varda par Agnès, sélectionné au 69ème Festival du Film de Berlin (hors compétition) a été diffusé sur ARTE le 18 mars 2019.
Agnès Varda est décédée le jour de l’inauguration de son exposition à Chaumont-sur-Loire.