Chambre de la Princesse, Château
Éric Poitevin
"Nature morte"
Publié le 23/11/2018
"Le temps n’existe qu’à travers l’expérience des choses... Je serais tenté de penser qu’il n’existe pas en fait. Plus que le temps, c’est l’expérience qui existe. Je crois que l’on est en modification perpétuelle; nous sommes des récepteurs." Fragments d’un abécédaire, extrait d’entretien avec Pascal Convert, 1997.
Depuis une vingtaine d’années, Éric Poitevin revisite à travers la photographie les différents genres de l’histoire de l’art : paysage, nature morte, portrait, nu. Il constitue ainsi des ensembles qu’il arrête et reprend à son gré. Qu’il s’agisse d’êtres humains, d’animaux ou de végétaux, l’artiste travaille selon une même démarche : dépouiller son sujet de tous ses artifices. L’absence d’expression, le cadrage serré, la lumière diffuse, le fond monochrome contribuent à offrir un point de vue le plus neutre possible. Chaque photographie se veut l’affirmation, d’un moment suspendu dans le temps. À première vue silencieuses, ses photographies instaurent malgré tout un dialogue avec le spectateur — c’est là toute la force paradoxale de ce travail. Par le choix de ses sujets (la forêt, l’animal, le corps dénudé), Éric Poitevin joue avec notre imaginaire collectif (ses peurs, ses fascinations, ses désirs). Pour cette exposition au Domaine de Chaumont-sur-Loire, Éric Poitevin présente des images inédites de natures mortes, animales ou végétales.
Repères biographiques
Éric POITEVIN
FRANCE
Éric Poitevin est né en 1961. Il vit à Mangiennes, dans un contexte bucolique, proche de celui de son enfance passée dans les sous-bois, les forêts et près des rivières. Thèmes récurrents de son œuvre, les éléments naturels occupent une place centrale sous des formes diverses : carcasses de chevreuils (1993), crânes "vus de dos" (1994), collection de papillons (1994), ou encore marécages (1987), sous-bois (1995), chevaux (1999-2000), arbres (1999-2000)… La composition de ses photographies, minutieuse et précise, peut représenter plusieurs mois d’attente et de préparation. Le choix du sujet comme celui du cadrage, le type de papier comme le mode de tirage : chaque étape compte. De cette rigueur naissent des images où l’essence des choses et des paysages semble atemporelle, tout à coup saisie dans sa plus intime fragilité.