Château
Thibaut Cuisset
"Paysages de Syrie"
Publié le 16/05/2019
Photographe du paysage et voyageur, il consacre généralement un temps assez long à la réalisation d’une série de clichés dans un pays en particulier, ici la Syrie.
« J’ai abordé la photographie de paysages pour la première fois en 1985, lors d’un voyage au Maroc. L’usage d’un matériel lourd (chambre photographique sur pied) s’est imposé immédiatement pour trouver la distance la plus juste possible face au sujet à représenter. Il y avait déjà, dans ma démarche, le souci du voyager pour photographier. Non pas dans l’optique du voyage sentimental ou romantique. Dans celle, plutôt, du voyage comme méthode pour chercher à être surpris par des lieux et se poser la question de leur représentation la plus fine possible, sans projection d’états d’âme. » Thibaut Cuisset
Thibaut Cuisset présente une trentaine d’images inédites de déserts sublimes autant que de ruines.
Repères biographiques
Thibaut CUISSET
FRANCE
Photographe du paysage, Thibaut Cuisset est cependant loin d'une tradition paysagiste pittoresque et bucolique. Son intérêt pour « l'entre-deux », pour des lieux à la fois façonnés par l'homme et étrangement vides, s'accorde à sa recherche d'une « distance la plus juste possible », évitant aussi bien les écueils du lyrisme que ceux d'une froideur clinique. Choisissant toujours de se mettre en retrait par rapport à son motif, le photographe est bien plutôt animé par un désir d' « épure » qui permet de dégager l'essence même de ce qui se donne à voir. En effet, citant Le Livre de l'intranquillité de l'écrivain portugais Fernando Pessoa, Thibaut Cuisset rejette le paysage comme reflet d'un état d'âme pour privilégier « la vérité du dehors absolu ».
L'expérience de cette extériorité fondamentale du paysage peut avoir un aspect saisissant comme le révèle la beauté effrayante de la nature islandaise. Ici, plus, ou presque plus, de traces de présence humaine. Paysage à la géologie relativement jeune, l'Islande a conservé son visage désertique quasi intact. La palette lumineuse de Cuisset accentue la pureté éblouissante de ces visions de matins du monde. On serait tenté de parler ici de « tableaux ». Or, si Cuisset se reconnaît inspiré par la peinture (de Piero della Francesca à Corot en passant par Vermeer), la précision descriptive de ses images empêche de leur assigner un caractère pictural. Visant à restituer « la peau du monde », les couleurs de ces vues d'Islande évoquent ainsi les gradations d'une carte topographique en relief. Invitations au voyage, ces photographies sont le fruit du premier de tous les dépaysements, « l'étonnement devant les choses de l'existence. » [Citations de l'artiste recueillies lors d'un entretien. Citation de Pessoa extraite du Livre de l'Intranquillité, Paris, Christian Bourgois éditeur TK]
« J’essaie de trouver une manière de regarder le monde en créant les images que je crois les plus justes possible », dit Thibaut Cuisset.