13. Le jardin idéal
Carte verte à Jacqueline Osty
Publié le 14/02/2022
“… le jardin de mon enfance, celui tissé de souvenirs des paysages découverts lors de la traversée du monde, celui de mon jardin, de mon quartier, de l’Oasis, de ma ville, de Casablanca au Maroc, des terres ocres du Sud, des vallées verdoyantes de l’Atlas.
Un jardin de contrastes, entre la chaleur et l’ombre, le sec de la terre et l’eau des seguias, du bassin d’irrigation, le monde désertique et la rose, la vigne, les cognassiers, arbousiers, et le monde bigarré des fruits, fleurs et légumes.
Un monde sensuel foisonnant très coloré, le rouge des hibiscus, le bleu mauve des jacarandas, le jaune des mimosas et des citronniers, le rose des lauriers et bougainvilliers. Une ambiance de jardin “à la Majorelle” fait avec les moyens du bord, des objets de récupération, plastique, boîtes de conserves plantées de menthe et de basilic.
Pousser une petite porte bleue pour découvrir la cour d’un café protégée d’une treille filtrant la lumière, le bruit de l’eau d’une fontaine ou d’une cascade cachée, la profusion exubérante d’un jardin de paradis au foisonnement végétal coloré, diffusant une fraîcheur bienfaisante… s’asseoir, goûter, voir, entendre le chant des oiseaux.” Jacqueline Osty
CONCEPTrice
Jacqueline OSTY, paysagiste
MAROC
Jacqueline Osty est née au Maroc et a passé son enfance à Casablanca avant de venir à Paris étudier l’architecture à l’École des Beaux-Arts, puis le paysage à l’École du paysage de Versailles, dont elle est sortie diplômée en 1982. Cette double formation l’a guidée prioritairement vers le paysage urbain et amenée à s’interroger sur ce que signifie “faire la ville” avec les moyens du paysage : “L’échelle du bâtiment ne me convenait pas. Je me sentais attirée par la grande dimension, la notion d’espace mouvant du paysage. J’aime l’idée de ne pas tout tenir.”
Elle a ouvert son agence en 1985. Sa petite structure est devenue, en 2006, l’Atelier Jacqueline Osty et Associés, et n’a jamais dépassé la vingtaine de collaborateurs.
Elle a enseigné durant une quinzaine d’années aux étudiants de l’École Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage de Blois.
Coudre et tisser la ville, cela résume une longue série de créations qui ont développé chez Jacqueline Osty une capacité d’aborder le projet urbain, soit dans une étroite collaboration avec des architectes, soit comme seule mandataire.
Outre de nombreuses réalisations en France et à l’étranger, deux projets parisiens ont particulièrement compté dans le parcours de Jacqueline Osty : le parc Clichy Batignolles et le parc zoologique du bois de Vincennes. Il s’agissait, dans les deux cas, de faire place à la nature dans la ville, à Paris, mais de deux manières très différentes. Pour Clichy Batignolles, la création d’un paysage en partant des impératifs du développement durable, soit un paysage né de savoirs techniques au service d’un spectacle de la nature en ville. Pour le zoo, la création de paysages qui sont comme des citations de natures lointaines pour accueillir la présence la plus intense du vivant, les animaux sauvages. Cette priorité accordée à la nature n’a pas empêché, à Clichy Batignolles, de continuer, avec l’architecte François Grether, le travail de couture d’un parc à son quartier, avec un tracé dans la continuité des rues existantes.
Cette demande de nature en ville ne cesse d’augmenter.
Depuis 2018, les projets de Jacqueline Osty en témoignent tous. En particulier celui de la place Feydeau-Commerce à Nantes ou celui de la place Pradel-Tolozan, en plein centre-ville resté très minéral. Également celui des Promenades de Reims, longtemps dominées par une voirie réservée aux voitures et maintenant ouvertes à d’autres usages dans un paysage de sous-bois.