24. LE JARDIN DES POULES
Publié le 27/09/2017
Ce jardin vous raconte une fable liée aux péchés d’orgueil et d’envie.
PRIX DU JARDIN TRANSPOSABLE
Décerné le 4 juillet 2014 par un jury de professionnels reconnus dans l’art des jardins
Ici, les poules figurent les Hommes et les Hommes se prennent pour des dieux. Les poules vivent dans ce jardin créé par les dieux. Elles vivent des péchés capitaux. Elles gaspillent tout, chapardent et détruisent tout, elles vivent d’eau froide et de récoltes providentielles alors que l’Eden est si proche avec ses valeurs de respect, de raison et d’intelligence.
En pénétrant dans ce jardin, vous pouvez donc orgueilleusement prendre la place des dieux, contempler à votre droite ces poules, qui représentent l’Humanté et qui vivent sans aucune modération, et sur votre gauche, le potager qui leur apporte nourriture à profusion. Vous regardez ainsi ces volatiles qui approchent de l’Eden sans jamais parvenir à l’atteindre et qui se faufilent avec insouciance au travers du jardin potager. Vous pouvez également emprunter le chemin fait de rondins de bois, pour vous rapprocher et observer de plus près cette évocation de l’inconscience humaine.
CONCEPTEURS
Félix DUBUS, jardinier et Jean DUBUS, architecte
François GENOUVRIER, Slim BEN LASSUED, Samuel ROBINNE, architectes, Frederic CHEVERRY, jardinier et Alexandre CHAPUS, graphiste-charpentier
FRANCE
De gauche à droite : Jean Dubus, François Genouvrier, Samuel Robinne, Slim Ben Lassoued, Félix Dubus, Frédéric Cheverry et Alexandre Chapus
Jean Dubus
"Architecte depuis quarante ans j’ai aimé faire le tour du monde, toucher à tout, entreprendre, construire des palais et des maisons pour les peuples. La commande publique a été le fil conducteur, elle a permis au jeune créateur que j’étais de prendre l’ascenseur et d’appuyer sur les boutons du haut. J’ai toujours été volontairement en retrait de mes œuvres, considérant qu’elles avaient intrinsèquement plus d’importance que moi. Ainsi ai-je rencontré mes semblables, ainsi ai-je créé une famille, des communautés à Paris, à Cuba, à Phnom Penh ou Nairobi autour de projets ambitieux quelle que fût leur échelle. Au début des années 2000, l’intuition du paysage s’est insinuée dans mes recherches. Mes projets ont peu à peu déconstruit la ville pour faire leur lit dans la nature et s’allonger dans l’herbe. Une simple dimension poétique qui m’aurait échappé au profit d’un discours trop raide hérité du mouvement moderne. C’est le Brésil qui s’est soudain imposé alors qu’il n’était qu’un pressentiment. Je construis à Brasilia un de mes derniers bâtiments. Le "paysagisme" s’est vite révélé conceptuellement comme une posture politique, dans la mesure où il n’est qu’un à-plat que les professionnels ont bien du mal redresser et qui demande plus de soins qu’un nourrisson. Le jardin, comme la littérature, l’architecture ou la musique, est une discipline artistique à part entière qui relègue sa propre histoire au second plan. En cela, il me passionne. Mes cinq enfants sont des artistes. Félix, l’un d’eux, est jardinier et nous avons choisi un beau jour d’échanger notre temps, une semaine avec lui dans les jardins, une semaine avec moi sous les grues. De cet échange inhabituel et enrichissant est née l’idée de Chaumont-sur-Loire, savant mélange de générations et de talents".
Félix Dubus quitte Paris pour la Provence puis la Touraine. Il étudie l’Horticulture puis le Paysage et s’imprègne de l’art de vivre de nos campagnes, au cours d’années de travail et de rencontres, dans les champs et les jardins. Depuis 2006, il exerce en tant que jardinier chez les particuliers où il partage son savoir, développant l’intérêt de leur propre jardin qu’il ornemente et accompagne au gré des saisons. Il propose une vision du jardin liant la culture, la mémoire et les nouveaux besoins des individus dans le souci de faire vivre les émotions et les réflexions, parfois éphémères, qui naissent dans ces lieux. Aujourd’hui, l’envie de découvrir l’horizon l’amène à partager une expérience nouvelle avec son père architecte, le projet des jardins de Chaumont-sur-Loire.
François Genouvrier
"Le Festival des Jardins de Chaumont-sur-Loire est l’occasion d’un retour contemplatif face au fleuve, d’un dialogue avec le paysage qui m’a vu grandir. Après avoir grandi à Tours, mes années d’études d’architecture à Lille et Barcelone, puis le suivi de projets à Paris, Limoges, Amiens ou Brasilia ont ouvert le champ des possibles. Les échanges se sont multipliés, le dialogue des cultures est devenu le terreau de ma personnalité. Au fil des années, un collectif s’est formé autour du cabinet Jean Dubus architecte. De l’équilibre d’une équipe peuvent émerger des projets étonnants et maîtrisés – le jardin des poules en est un bel exemple".
Samuel Robinne
"C’est avec émotion que je retrouve le Festival des Jardins de Chaumont-sur-Loire. J’y ai en effet exposé en 2004 un objet dans le cadre d’un séminaire de design qui clôturait mes études à l’École d’Architecture de Bretagne. J’ai depuis participé à de nombreux concours et projets, en France et à l’étranger, au sein de l’agence de Jean Dubus Architecte. Le jardin des poules n’est pas un projet habituel en terme d’échelle et de mission. C’est une parenthèse enchantée qui nous permet, au sein d’un collectif à l’amitié virile, de sortir des sentiers battus tout en se confrontant à un autre défi : dialoguer avec la terre… Et avec les poules".
Slim Ben Lassoued
"Originaire des plaines fertiles de Sfax en Tunisie, j’ai intégré différentes agences parisiennes à l’issue de mes études d’architecture à Tunis. J’ai intégré il y a quatre ans l’équipe de concepteurs multi disciplinaires qui s’est nouée autour de Jean Dubus. Les éléments constituant notre parcelle, à savoir le champ, le potager, le cours d’eau et les animaux sont pour moi l’évocation de ce jardin familial où j’ai toujours plaisir à me ressourcer."
Frédéric Cheverry, 35 ans, est né et a grandi en Touraine à Azay-sur-Cher, non loin du Domaine de Chaumont-sur-Loire. Il reçoit dans son enfance une éducation familiale tournée vers l'agriculture et l'élevage. À 22 ans, après avoir étudié la Biologie, et le Commerce agro-alimentaire à l'Université François Rabelais de Tours, il poursuit un parcours commercial au sein de grands groupes. Il devient l'élève jardinier de Félix Dubus en 2012, dans un désir d'une part de recevoir un enseignement sur l'Art du Jardin, et d'autre part de se rapprocher de ses racines.
Alexandre Chapus
"Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris en 2006, j’exerce depuis une activité de graphiste indépendant ainsi que de collaborateur au sein de l’atelier de Loran Stosskopf jusqu’en 2012. Je travaille essentiellement sur des productions éditoriales (livres, magazines, journaux, brochures documents de communication), d’identités visuelles et signalétiques. J’ai collaboré à la conception et à la réalisation de l’identité visuelle et la communication de Monumenta 2007 et 2010 au Grand Palais, puis, pour une autre commande, à l’élaboration de la maquette du magazine du musée du Louvre (Grande Galerie). En 2011, j’ai dirigé la direction artistique du numéro spéciale de Télérama sur E. Munch. Je travaille actuellement sur la conception et réalisation de la signalétique du nouveau centre de secours d’Ivry-sur-Seine. Depuis 2012 en Suède, j’exerce parallèlement le métier de charpentier."