Salle des collections, Château
A. Marinette Cueco
“Herbiers fantastiques”
Publié le 16/01/2020
Incroyable magicienne de la matière végétale qu’elle a, toute sa vie, collectionnée, sculptée, tressée, tissée, Marinette Cueco présente à Chaumont-sur-Loire de délicats herbiers de pétales et de feuilles collectés au hasard de ses promenades.
Jouant sur les couleurs autant que sur les formes, elle dévoile l’infinie richesse et la diversité de ces tableaux naturels, d’une indicible poésie.
Feuilles, racines, tiges, pressées, séchées, sont posées là définitivement dans le mouvement vers lequel le port de la plante a guidé l’artiste. En s’approchant, on distingue tous les détails qui signent leur identité botanique. Le profane les découvre, les adeptes de la teinture végétale les reconnaissent. De plus loin, c’est la symphonie des formes et des couleurs qui se dégage. L’ensemble se lit alors comme une grande partition où les plantes séchées tiennent lieu de notes de musique, mais au lieu de voir les signes et d’entendre dans sa tête les sons auxquels ils correspondent, on regarde des parties de plantes et surgissent alors à l’esprit des visions colorées de tissus chatoyants. Car les plantes rassemblées sont les sources des plus belles couleurs que l’être humain ait jamais appris à concocter pour en parer ses infiniment diverses productions textiles.
Pétales de fleurs et baies écrasées livrent des cramoisis et des bleus mauves parfois éphémères. Buissons de nos fourrés et arbres de nos forêts apportent les infinies nuances de roux, bruns, gris, noirs que leurs tanins, seuls ou combinés avec des sels de fer, peuvent communiquer aux fibres textiles comme aux cuirs.
Feuilles et pétales s’apparentent indifféremment à des herbiers portatifs, des recueils de poésie, des fragments amoureux ou encore à des livres d’heures ou de prière. Ils tiennent dans la main. Ils se déplient, hiver, printemps, été, automne. Ils forment un cycle qui s’ouvre et se referme avec les pétales de l’amandier. Ils sont l’attente du verdict, le temps suspendu à un fil, ils sont l’amour qui tient ce fil.
REPÈRES BIOGRAPHIQUES
Marinette CUECO
FRANCE
Marinette Cueco développe depuis les années 1960 une œuvre singulière qu’elle inscrit à la fois dans la nature et dans l’éphémère.
Se consacrant d’abord à la tapisserie et au tissage, elle va peu à peu se mettre à tisser des herbes, ce qui deviendra à la fin des années 1970 son unique activité artistique.
En 1986, elle est exposée au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.
Avec des matériaux bruts trouvés dans la campagne, principalement en Corrèze d’où elle est originaire et où elle vit en partie, Marinette Cueco compose des œuvres et installations in situ ou dans le calme de son atelier.
Ramasseuse de végétaux en tous genres (graines, pétales, feuilles, tiges, cailloux, terres rares et épluchures...) et géologue, elle agence les éléments choisis en de minutieuses et fascinantes compositions, de très grands ou très petits formats.
Ses œuvres sont autant de microcosmes où le regard peut se perdre, et l’âme se régénérer.