Galerie Basse du Fenil et Cour Agnès Varda
Joël Andrianomearisoa
"This evening the night doesn’t want to end / Ce soir la nuit ne veut pas s’arrêter"
Publié le 14/01/2020
L’œuvre de l’artiste se développe autour d’une narration non explicite, souvent abstraite que chacun perçoit sans pouvoir pour autant la nommer. Son monde des formes tisse son ouvrage en séquences, souvent dans une profonde tristesse d’une absence impossible à combler.
Et pour cela il utilise, sans hiérarchie, le son dans sa dimension immatérielle ou le livre dans son hyper matérialité, le textile soyeux ou le plastique rugueux, le noir ou les couleurs les plus chatoyantes.
Sa récente expérience à Aubusson d’une tapisserie qui mettra six mois de travail pour apparaître, traduit bien cette complexité qui enchevêtre une esquisse de figuration plate avec les nœuds les plus épais d’un drame inconnu.
Le travail de Joël Andrianomearisoa s’est développé au fil du temps au travers de différents médiums et matières. Ces dernières années, ses créations sont souvent réalisées à partir de textiles, de papiers, parfois du bois, des minéraux, ou bien à partir d’objets inattendus (miroirs, parfums, emballages, tampons…) avec lesquels il réinvente le magique et provoque l’émotion.
Cette “émotion esthétique” souvent recherchée et rarement atteinte, qui se passe de commentaire.
Madagascar est représenté pour la première fois à la Biennale de Venise 2019 par l’œuvre I HAVE FORGOTTEN THE NIGHT de Joël Andrianomearisoa.
À Chaumont-sur-Loire, il use de la diversité des matières, du papier de soie au textile, en se jouant des subtilités de la lumière au service d’un récit incroyablement poétique.
Un voyage traduit de la nuit
des matières d’amour et d’absence
l’immatériel du monde invisible
la lumière noire jusqu’au vert de la vie
mélancolie
le premier jour, la dernière nuit
horizon infini
la géométrie de l’angle pour faire pleurer
le présent
Poursuivant le voyage de la pièce I HAVE FORGOTTEN THE NIGHT, produite et présentée pour le premier pavillon de Madagascar à la Biennale de Venise 2019, Joël Andrianomearisoa replace aujourd’hui l’œuvre au Domaine de Chaumont-sur-Loire.
Le propos de la nuit ne s’arrête pas uniquement sur cette pièce, mais devient un déploiement total de la nuit jusqu’au jour, et son éternel recommencement.
Cinq nouvelles productions viendront ponctuer chacun des chapitres de ce récit. La proposition est articulée en 5 temps pour traduire l’immatériel de ce monde invisible. Une promenade dans la nuit noire de l’oubli jusqu’au grand jour de la vie. La mélancolie est le rythme, le papier son expression, le textile comme respiration.
Chapitre 1 : J’ai oublié la nuit (Galerie basse du Fenil)
Chapitre 2 : Crépuscule (Cour Agnès Varda)
Chapitre 3 : En attente de l’aube qui nous surprendra aux rives du sommeil (Galeries de la Cour Agnès Varda)
Chapitre 4 : Le grand jour (Galeries de la Cour Agnès Varda)
Chapitre 5 : Never ending story (Galeries de la Cour Agnès Varda)
REPÈRES BIOGRAPHIQUES
Joël ANDRIANOMEARISOA
MADAGASCAR
Joël Andrianomearisoa, né en 1977 à Antananarivo, Madagascar, vit et travaille aujourd’hui entre Paris, le village creusois de Magnat-l’Étrange et la capitale malgache.
Il grandit pendant la révolution socialiste et commence sa formation dans une école de dessin. Il hésite ensuite entre les beaux-arts et le design, avant de s’inscrire à l’École Spéciale d’Architecture de Paris en 1997. Il fait la connaissance de Jean-Loup Pivin, architecte et fondateur de la Revue Noire, un trimestriel spécialisé en art contemporain africain, et de Simon Njamin, écrivain et critique d’art camerounais influent sur le continent. L’une de ses performances fera la couverture de la Revue Noire dès septembre 1997. En 2005, il obtient son diplôme d’architecture sous la direction d’Odile Decq, dont il partage le goût pour la couleur noire et l’idée que cette discipline est à refonder, trop souvent bloquée par un cadre institutionnel strict peu propice au changement. Il présente un projet atypique mêlant graphisme et textile. Selon lui, le tissu est un médium universel.
Avec d’autres artistes pionniers de l’art contemporain malgache, il contribue activement au développement culturel de son pays (meilleur jeune talent au premier salon de la mode, Manja, en 1996, exposition Parlez-moi en 2015…). Pour l’exposition collective 30 et Presque-Songes en 2011, il réunit ainsi 30 artistes à la Maison Revue Noire à Paris. En 2016, à l’occasion de la 35ème foire d’art contemporain ARCO Madrid, il obtient le 4ème prix Audemars Piguet pour son travail, Le Labyrinthe des Passions. Il devient ainsi le premier artiste non Espagnol à recevoir ce prix. Son projet est un diptyque composé d’une grande pièce en papier de soie blanche et de son jumeau noir qui laissent entrevoir différentes émotions : mélancolie, passion amour, nostalgie. Cette réflexion porte sur l’opposition entre lumière aveuglante et obscurité totale, qui sont en réalité animée par les mêmes forces. La volonté de l’artiste est de présenter une œuvre qui “n’est pas une méditation mélancolique sur l’amour et la perte, mais une reconnaissance puissante de la possibilité de rester en vie au milieu de forces cruelles et brutales”.
En 2019, il est naturellement choisi pour représenter Madagascar, qui participe à la Biennale de Venise pour la première fois. Il y présente l’installation J’ai oublié la nuit, un assemblage de neuf cieux organiques, qui tombent en cascade noire de sacs, de cordes et de cendres.
Joël Andrianomearisoa est représenté par les Galeries RX (Paris), Sabrina Amrani (Madrid, Espagne) et Primo Marella (Milan, Italie).