15. Réflexion faite
Publié le 12/03/2018
“Tels ces tableaux trompeurs qui, regardés de face, ne montrent que confusion, mais qui, vus de biais, révèlent des formes distinctes.” William Shakespeare, Richard II, 1595.
Il y a entre la littérature, notamment celle de Shakespeare et l’art pictural, un procédé narratif commun à partir duquel les histoires sont construites sur une erreur d’appréciation et où tout est question de point de vue. Il s’agit de l’anamorphose.
Un jardin se raconte comme une histoire et suscite la pensée. Ici, le jardin propose deux ambiances végétales qui incarnent nos deux modes de penser : le rationnel et le maîtrisé, symbolisés par un jardin rouge, et l’imaginaire, la rêverie, réunis dans un jardin vert composé de plantes graphiques et légères.
Ces deux espaces s’articulent le long d’un parcours jalonné d’obstacles, à l’image du cheminement de la pensée et de ses méandres.
La palette végétale permet au jardin rouge de gagner en intensité au fil des saisons, reflétant la pensée qui mûrit et s’affirme avec le temps. C’est la rencontre ludique et troublante de l’imaginaire et du rationnel.
CONCEPTEURS
Amélie VIALE, graphiste-photographe, Violaine HUGONNIER et David BONNARD, architectes
FRANCE
Amélie, Violaine et David se rencontrent lorsqu’ils sont tous les trois salariés dans une agence d’architecture Lyonnaise. Après 6 années à se côtoyer, avec des compétences complémentaires, un passage à Chaumont pendant des vacances, ils découvrent le Festival International des Jardins de Chaumont-sur-Loire. Ils se disent : "pourquoi pas nous ?".
Amélie Viale, architecte d’intérieur, se spécialise durant ses études dans la conception d’images en 3D. Aujourd’hui, elle allie ses compétences architecturales à l’image : la matière qu’elle préfère manipuler. Artiste plasticienne depuis 2011, elle utilise la photographie, la performance et l’installation comme outils d’expression pour ses sujets d’expérimentation. "En partant de mon expérience personnelle, j’allie des histoires touchant le plus grand nombre : le deuil, l’abandon et la séparation font partie de mes préoccupations artistiques majeures." Son travail est motivé par la recherche et l’expérimentation de nouvelles passerelles entre l’idée, sa représentation et sa concrétisation, associés à une réflexion sur les notions de trace et d’éphémère.
Violaine Hugonnier, diplômée en 2007 de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon, prend ses marques au sein d’une jeune agence d’architecture lyonnaise. En 2011, de retour à Lyon après un voyage itinérant en Amérique Latine, elle décide d’intégrer une nouvelle agence pour y développer ses compétences de conception architecturale. Parallèlement, sa pratique du dessin à travers le croquis urbain et le carnet de voyage lui permettent d’appréhender et interpréter le réel, en jouant entre ce que l’on voit et ce que l’on donne à voir. Le dessin in situ lui permet de développer l’art de l’instant et de la contemplation du paysage, quel qu’il soit. Le Festival International des Jardins de Chaumont-sur-Loire est pour elle l’occasion de mettre en scène cette notion d’expérience graphique et sensible, en faisant une passerelle entre l’architecture, l’installation éphémère et l’art du paysage.
David Bonnard, paysagiste puis architecte, est issu d’une formation technique de 6 ans dans le domaine du paysage, et s’oriente ensuite vers la conception. En 2003, il est notamment lauréat du concours régional Rhône Alpes, et 5ème à la finale nationale du World Skills Competition dans le métier jardinier/paysagiste. Porté par le plaisir de concevoir, il intègre une agence lyonnaise de paysage de renom qui lui offre la possibilité de faire ses armes sur des projets emblématiques. Son parcours personnel l’incite à se réorienter vers l’architecture, un autre terrain de jeux sans limites. En parallèle de son activité professionnelle en agence, il se forme et devient diplômé de l’École d’Architecture de Lyon. Sa pratique se caractérise par une approche située, où les limites entre paysage et architecture disparaissent au profit du plaisir d’usage.