01. Metempsycose
Publié le 08/11/2017
Mystérieux et léger, fantaisiste et joyeux, ce jardin évoque l'âme des disparus et travaille l'idée de la réincarnation. La présence d'oiseaux apporte l'apaisement à ses visiteurs.
Genèse du jardin
« À la fin des années 70, je rendais quotidiennement visite à mes grands-parents qui vivaient dans une rue voisine de la mienne. La rue du Haut-Pas à Dieppe.
Ils logeaient dans un appartement au premier ou au second étage : je ne sais plus. Souvent, je voyais ma grand-mère donner à manger aux oiseaux sur le bord de la fenetre de sa cuisine. Un ensemble pour le moins hétérogène de volatiles avait pris ses habitudes et venaient quémander leur pitance chaque jour. On trouvait côte à côte pigeons, moineaux et bien sûr une mouette ; animal emblématique de la ville, assurant la bande son de la vie dieppoise. C'étaient apparemment les mêmes qui revenaient toujours et ma grand-mère leur parlait. Elle leur faisait la conversation.
Un jour, elle m'expliqua qu'en fait il ne s'agissait pas de n'importe quels oiseaux : ils étaient la réincarnation de personnes de sa famille (et donc de la mienne) qu'elle avait bien connues et qui étaient mortes il y avait plus ou moins longtemps. Évidemment leur apparence avait un peu changé, mais ils étaient pour elle reconnaissables car leurs attitudes primordiales étaient restées les mêmes. Ainsi la tante Léontine était toujours aussi pingre et revêche, l'oncle Marcel avare, l'oncle Fernand généreux et musicien, la tante Alice solide et joyeuse, Marraine mangeait toujours autant etc. etc.
Elle reconnaissait ses morts qui lui rendaient visite. Elle leur faisait ses petites offrandes et tous ces oiseaux se retrouvaient prénommés. Métempsycose dieppoise.
Donc apparemment, dans ma famille, nos âmes transmigrent dans des oiseaux.» Philippe Caillaud
Concepteurs
Timothée Blancpain, architecte-paysagiste ESAJ et Philippe Caillaud, artiste
FRANCE
De gauche à droite : Philippe Caillaud et Timothée Blancpain
Timothée Blancpain, d'origine franco-suisse, a suivi la formation de l'École Supérieure d'Architecture de Jardin de Paris. Il a travaillé au Royaume-Unis dans le secteur horticole et botanique pour se familiariser avec les plantes : tout d'abord à coté de Bristol dans un « garden center » puis à Dixter et enfin à Londres au Royal Botanic Gardens Kew. De retour en France il a travaillé dans un bureau d'étude technique de voirie et réseau divers. Il a ensuite intégré l'équipe d'un entrepreneur suisse spécialiste de la construction de Paddock. Il créé une structure de bureau d'étude et d'entretien d'espaces. Pour se spécialiser dans la restauration de site, il a suivi et obtenu le master « Jardins historiques, patrimoine et paysages ».
Ancien élève de l'École Normale Supérieur de Cachan, Philippe Caillaud est agrégé d'arts appliqués. Il enseigne l'histoire de l'art et l'histoire de la photographie en BTS design graphique à Montaigu, ainsi que la sémiologie en licence Édition Jeunesse à l'IUT de La Roche-sur-Yon.
Artiste depuis l'âge de quatre ans (comme tous les artistes), il expose depuis 1984. Sa pratique très liée à la nature et aux animaux a évolué. Très ludique et enfantine dans les années 90, elle est devenue plus méditative et conceptuelle dans les années 2000. Son attitude poétique est souvent teintée d'humour et son univers tout en légèreté est peuplé d'une multitude de papillons et d'oiseaux en tout genre.