05. Un paysage à goûter
Publié le 17/10/2017
Peut-on offrir un repas sans donner à goûter ? C’est le défi de ce jardin, qui entend évoquer le goût par tous les autres sens que le repas éveille : le repas est en effet un rituel social, qui non seulement stimule les sens, mais aussi fait sens, par le partage et la convivialité, et par tout ce qu’il nous dit de son origine.
Mais nos repas d’aujourd’hui nous parlent-ils de bon sens ou de contresens ? Quels goûts nous offrent nos assiettes et nos tables, de quels paysages nous parlent-elles ? Des fruits et légumes standardisés, calibrés, sans saveur et sans vitamine, cultivés hors sol ou sur des sols inertes, gorgés d’engrais et de pesticides, cueillis avant maturité et voyageant sur des centaines de kilomètres en camion ou en avion ? Ou bien nous parlent-elles des produits du terroir et du jardin potager, des semences anciennes et variées que la nature et des générations de paysans nous ont légués, de l’art des cultures associées, du recours aux auxiliaires naturels, des paysages équilibrés façonnés par ces pratiques ?
La relation entre un beau territoire, un produit savoureux et un développement durable est de plus en plus reconnue (AOC, AMAP, Slowfood, Locavores et même de nombreux paysages culturels Unesco). Le jardin “Un Paysage à goûter” traduit cette relation entre le sens, le sol, le produit et les hommes. Ce jardin est un micro-paysage. Ici le terroir, le sol et le sous-sol montrent l’équilibre fragile qu’il doit y avoir pour une agriculture raisonnée.
Ce paysage, tel un tableau, nous montre une succession de collines, cultivées et couronnées de boisements. La superposition des couches de bottes de paille, suivant la technique culturale du “Straw Bale Gardening” rappelle celle des strates sédimentaires et leur tranche nette donne à lire le substrat comme une coupe géologique surmontée d’un sol qui évolue à mesure que la paille se décompose par le haut. Ainsi, comme un sol, la paille porte et nourrit des plantes nourricières, dont le blé qui produit aussi, à son tour, de la paille.
Le parcours du jardin nous fait déambuler entre ces structures, au rythme du repas et des saisons – Entrée, Plat, Dessert, Pain et vin, et Couloir des récoltes – pour un voyage au cœur d’un paysage à goûter.
Concepteurs
Pascale MARQ, paysagiste, Pierre-Marie TRICAUD, agronome, paysagiste DPLG, urbaniste, Emmanuel TAILLARD, étudiant ESAJ, Laurence DU PLESSIX, décoratrice et Le Potager extraordinaire (Baptiste PIERRE et Yann LE YONDRE, jardiniers botanistes)
FRANCE
Pascale Marq fait du paysage in situ et in visu, en menant une double carrière de peintre et de paysagiste, spécialisée depuis quelques années dans l’aménagement des jardins des sens, combinant plantes à fleurs et plantes aromatiques. Depuis trois ans elle possède son bureau d’études ou elle réalise de nombreux jardins privés, de tailles très différentes, ainsi que le labyrinthe de la collection nationale d’Iris au château de Morchênes à Saint-Cyr-en-Val (Loiret). Elle participe à de nombreuses expositions de peinture. Conseillère municipale d’Isdes (Loiret) depuis 2008, en charge des dossiers d’urbanisme, de paysage, des restaurations architecturales et du fleurissement de la commune (2 fleurs), et représentante à la Communauté de Communes.
Pierre-Marie Tricaud est allé des champs à la ville en passant par le paysage, en étant ingénieur agronome, paysagiste DPLG et docteur en urbanisme. Ancien président de la Fédération française du paysage, il exerce à l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme d’Île-de-France et effectue des missions d’expertise sur les paysages culturels du Patrimoine mondial pour l’Unesco et l’Icomos (Val de Loire, Haut Douro, Tokaj, Causses et Cévennes, Liban, Champagne…).
Laurence du Plessix travaille à l’éveil de l’œil et de l’oreille : ayant toujours peint et fait de la musique, après avoir réalisé des décors d’intérieur et événementiels, elle enseigne à présent le piano.
Emmanuel Taillard joint le geste à l’étude : après un BTS Aménagements paysagers, il apprend le métier d’architecte-paysagiste à ESAJ, tout en jardinant dès qu’il le peut.
Le Potager extraordinaire rassemble à La Mothe-Achard, en Vendée, une belle collection de légumes rares et anciens, reconnue par le Conservatoire des collections végétales spécialisées pour ses tomates et lagenarias. Il est membre des potagers de France et association d’aide à la réinsertion sociale (président : Georges Guilloteau ; délégués au projet : Baptiste Pierre et Yann Le Yondre).
Mechtild Rössler, conseillère externe de notre équipe, est la principale spécialiste des paysages culturels au Centre du Patrimoine mondial de l’Unesco. Elle connaît les quatre-vingt paysages inscrits au patrimoine de l’humanité, dont beaucoup sont productifs, ce qui l’a amenée à soutenir de nombreuses actions de promotion des terroirs (Slow Food, AOC…).