Galeries de la Cour Agnès Varda
J. François Réau
"Nuages"
Publié le 26/01/2021
François Réau dessine invariablement en noir et blanc. Cette esthétique porte la trace du passé, celle d’une maison d’enfance brûlée et d’un grand-père marchand de charbon.
Il dit penser en dessin : “Quand on dessine, c’est une manière de comprendre les choses, de les cerner. On cerne quelque chose ou on en fait le tour et donc c’est aussi avec un trait que l’on entoure les choses.” C’est son impression de la nature et des paysages qu’il dépose sur le papier, en utilisant principalement la mine de plomb et le crayon graphite.
Il conçoit également des installations immersives prenant en compte le génie du lieu, qui relie tacitement l’histoire de ce dernier et l’expérience des visiteurs. Ses paysages se déploient ou se resserrent au contraire sur un détail, un échantillon qui en fait ressentir toute la matérialité, minérale, végétale, liquide ou symbolique.
Dans la lignée de l’Arte Povera, le temps et l’espace sont ses préoccupations. Il recourt à des matériaux récupérés et périssables, ressources naturelles ou de seconde main. Et qui sont utilisés de telle façon dans l’espace que ces matériaux vont lui permettre d’élaborer un autre vocabulaire du dessin et de tout ce qu’il convoque du trait, de la ligne ou de la trace.
C’est une attention particulière au monde qui l’entoure et à l’invisible qu’il traduit. Les blancs sont des zones de respiration, des poches d’air, où l’apparition et la disparition se jouent.
Ses Nuages présentés dans la Galerie de la Cour Agnès Varda évoquent la sublime et fragile beauté de notre univers.
Œuvre pour le Domaine de Chaumont-sur-Loire
“Il s’agit d’un dispositif dans lequel je cherche à pousser les limites du dessin. J’ai souhaité proposer une œuvre qui fasse référence directement à la Nature ou à l’espace du paysage mais qui, d’une certaine façon, soit un symbole de ce qui échappe à la représentation. Pour moi quelque chose qui soit en somme une incomparable image du mouvement. Il me semblait important aussi d’amener le regardeur à avoir, avant tout, une expérience de l’image qui puisse l’excéder physiquement, et ce, en donnant à l’œuvre une taille assez grande pour qu’elle perde son entité d’objet. Elle pourrait ainsi être perçue comme un champ de vision.” François Réau
Structure inconsistante en état permanent de formation et de déformation, le nuage est en effet un symbole de ce qui échappe à la représentation et une incomparable image du mouvement. Comme image explicite de la transformation, de ce qui se “forme au-delà”, ce qui en fait une métaphore essentielle de tout ce qui déborde notre capacité d’appréhension.
REPÈRES BIOGRAPHIQUES
François RÉAU
FRANCE
Né en 1978, François Réau s’est formé à l’École Régionale des Beaux-Arts puis à l’École d’Arts Appliqués de Poitiers. Aujourd’hui, il vit et travaille à Paris.
Son travail articule dessin et installation, paysage mental et paysage physique. Il joue sur les perceptions d’échelles et l’expression de l’immensément grand comme de l’infiniment petit, à travers de l’évocation de vastes paysages naturels. Son œuvre joue de l’apparition et de la disparition de la figure et des motifs, au cœur même des matériaux. Il cherche à pousser les limites du dessin de façon à ce que celui-ci échappe à son support et gagne l’espace, lui conférant ainsi une nouvelle dimension.