23. Les pieds sur terre
Publié le 13/02/2019
Voici une mise en scène inattendue de cette petite voix intérieure et universelle qui souhaiterait “juste voir”, “juste savoir”, à quoi ressemble ce fameux paradis. Un clin d’œil à cette curiosité qui nous titille de découvrir, avant l’heure, ce qu’il y a après.
Les pieds sur “terre” …
En entrant sur la parcelle, le visiteur plonge dans un univers très obscur. Certains y verront peut-être une allégorie des menaces écologiques qui menacent nos sols, d’autres ressentiront sans doute la mélancolie des lieux, ou prendront conscience de la symbolique funeste qui en émane. En suivant le chemin qui s’enfonce dans cet univers sibyllin, le visiteur découvre “des pieds” qui s’agitent en dessous, mais dont les têtes semblent avoir disparu. Il comprend alors que les autres visiteurs sont passés au-delà.
… et la tête “au paradis”
Prenant son courage à deux mains, le visiteur rejoint donc le paradis au cœur du jardin. Le voyage est immédiat. Une retranscription sensorielle de la citation de Kandinsky s’offre à lui : “Le blanc sonne comme un silence. Un rien avant tout commencement”. Placé à hauteur de son regard, un cocon végétal blanc, doux et lumineux, s’ouvre sur le ciel, coupé des bruits alentours et déconnecté des repères visuels qui nous relient à la terre. Un “rien” à vivre avant cet autre commencement que promet le paradis.
CONCEPTRICES
BYME ARCHITECTURE -Emmanuelle MESSIER et Fanny BOUCHET, architectes-
FRANCE
"L'une admire Madonna et l'autre Camus,
L'une raffole de chocolat et l'autre déteste,
L’une s’émerveille d’un coucher de lune quand l’autre s’extasie d’un béton,
L’une craint la nuit et l’autre redoute la pluie,
L’une est un brin sceptique si l’autre devient trop utopiste,
L’une est empirique et l’autre méthodique,
L’une est précise quand l’autre est pratique,
Et pourtant, une même envie nous anime.
Une envie qui évolue entre architecture, design et création artistique. Nourries par des inspirations qui puisent dans la littérature, la sculpture, la science, la nature ou la culture populaire. Une certitude surtout, celle que le spectateur fait partie intégrante de nos installations. Nous croyons qu’il apporte avec lui un sens, à travers ses émotions et ses gestes, et que c’est cette interaction unique entre eux, à cet instant précis, qui fait l’essence de notre travail. Rencontrées sur les bancs de l’École Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble en 2005, nos expériences respectives n’ont de cesse d’enrichir et d’élargir notre horizon commun. C’est sous l’étiquette de l’atelier BYME, créé ensemble depuis 2013, que nous nous retrouvons. Nous aimons l’hybridation de nos pratiques, l’exploration, la diversité de nos influences, la dimension multiple que peut prendre notre travail qui nous conduit à réaliser nous-même chacune de nos installations, de la conception jusqu’à la fabrication. Aucune de nous n’a souhaité s’enfermer dans la rigueur d’une activité unique, c’est pourquoi nous avons décidé, chacune à notre manière, qu’il n’existerait pas de limite précise, ni à nos quotidiens, ni à nos projets."
Emmanuelle Messier vit à Grenoble et occupe une partie de son temps à être architecte, toujours en free-lance, parfois spécialisée dans l’intégration de la biodiversité en milieu urbain, parfois décoratrice, parfois graphiste. Quand elle en a l’occasion elle devient coordinatrice artistique pour de grandes agences parisiennes. Le reste de son temps elle le passe à dessiner, peindre, faire de la céramique, scier, coller, visser ou fabriquer quelque chose.
Fanny Bouchet vit près d’Annecy et occupe aussi une partie de son temps à être architecte. Après l’avoir été au sein d’agences suisses, elle l’est depuis quelques temps à son propre compte. Quand elle n’est pas sur les terrains avec son équipe de basket, vous pouvez la trouver selon les saisons, sous les serres ou sur les marchés avec ses oncles maraichers. Pour le reste, ses amis attendent surtout avec impatience qu’elle ouvre une boutique des délicieux bocaux qu’elle cuisine.