23. Le Jeu de ma Mère l’Oye
Un jeu de l’Oye grandeur nature crée avec humour des correspondances entre quatre contes de Charles Perrault et le plus célèbre des jeux de plateau. Comme pour les contes, le jeu de l’Oye remonte à l’Antiquité, son tracé symbolise le chemin à parcourir pour mieux comprendre le monde et ses cases spéciales (pont, puits, labyrinthe, prison) rappellent les épreuves que doivent surmonter les héros.
Pour lancer le jeu, le visiteur se sert de dés à l’intérieur du logis de la mère l’Oye, avant de s’aventurer sur un parcours de cases numérotées, rempli de surprises. Les cases spéciales du jeu s’ouvrent au fur et à mesure sur des espaces paysagers enchanteurs. Le jardin comporte différents « évènements » comme le pont-levis du château du Marquis de Carabasse ou le labyrinthe du Petit Poucet semé de cailloux blancs, ainsi qu’un mobilier original permettant de s’assoir ou de s’allonger : puits-siège faisant face au jardin aux citrouilles de Cendrillon et transat à baldaquin de la Belle au bois dormant. Un espace prairial, avec son cortège de messicoles (coquelicots, nielles ou bleuets), côtoie des légumes anciens tels que le cardon, la bette ou la galeuse d’Eysine, tandis que des taillis sous futaie ou des haies d’épines reconstituent l’ambiance médiévale des contes.
Le Jeu de ma Mère l’Oye joue aussi un rôle patrimonial, rappelant les divertissements du XVIIIe siècle. Plusieurs jeux de l’Oye géants ont ainsi vu le jour dans les jardins des châteaux de Choisy-le-Roi, Chamarande ou Chantilly. Les invités du Grand Condé ou de Louis XV se déplaçaient le long d’allées ponctuées de cases marquées au sol ou entourées de haies. Au tour du Château de Chaumont-sur-Loire !
CONCEPTEURS

Enfant, Pierre-Alain Bigot redessine les plans de sa chambre à la recherche de son espace idéal, et plante des iris et des dahlias dans le jardin de son grand- père. Sa vocation pour le paysagisme se décide-t-elle aussi tôt ? Sans doute... bien qu’il expérimente plusieurs médias avant de trouver sa voie. Il fait ses premières armes en menuiserie à l’École Boulle et y apprend la démarche de l’artisan d’art, celle qui ouvre le champ des possibles car mène du concept, de l’idée à sa concrétisation matérielle. L’architecture croise son chemin et lui permet d’apprivoiser l’espace, mais elle reste trop figée pour lui. Quelques travaux d’été aux côtés d’un oncle paysagiste idéaliste et une formation à l’ESA d’Anger plus tard, il identifie sa véritable passion : les végétaux et le vivant. Proposer un projet, le penser, le concevoir, le réaliser et toujours se laisser surprendre par la nature est ce qui l'anime. Depuis, il compose avec les couleurs (des nuances de verts des feuillages aux touches colorées des floraisons), il joue avec les ombres et lumières des végétaux (graminées vaporeuses, arbustes structurants) et la nature, son alliée fait le reste ! Son parcours le mène à concevoir des jardins particuliers aux espaces publics avec l’envie de raviver le regard sensible et innocent de l’enfance et recrée un lien à la nature. Ainsi il s’inspire des grands espaces naturels (terres volcaniques, forêts, prairies) pour nourrir nos espaces urbains et tenter de toucher la part en nous qui se sent en lien avec le vivant. Il est notamment sollicité pour réfléchir sur la place de l’enfant dans les espaces extérieurs en créant ou réhabilitant parcs et cours de récréation. Il utilise l’esthétique, le ludique, la promenade dévoilant les espaces au fil du chemin et le souci du détail caché, repéré par ceux qui sauront y prêter attention. Il nous invite à ralentir et à vivre une expérience immersive dans ses jardins, comme dans Le Jeu de ma Mère l’Oye proposé pour le Festival International des Jardins de Chaumont-sur-Loire : succession de plans jouant avec le caché dévoilé, ménageant au promeneur des surprises au fur et à mesure du jeu.
