22. Ainsi parlait l’enfant
Publié le 24/01/2022
Ce jardin est une quête de l’idéal, librement inspirée des trois métamorphoses de l’esprit décrites par le philosophe allemand Friedrich Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra. Sur le chemin de l’idéal, l’esprit devient tout d’abord Chameau. Obéissant et résilient, il porte sur son dos tout le poids des valeurs morales. Le jardin s’ouvre donc sur un premier espace qui met en scène les rudesses de son environnement. Rase et rustique, la végétation qui s’y développe est le témoignage d’adaptations constantes.
Puis, l’esprit devient Lion, il se dresse à l’encontre des règles établies. En tout point contraire au précédent, ce deuxième espace instaure une montée en puissance, une quête de liberté à travers un regard dominant. Puissantes et libres, les graminées se dressent vers le ciel tandis que le sol est surélevé.
Enfin, l’esprit devient Enfant : il n’a plus besoin de chercher à respecter les règles, ni par soumission, ni par opposition, mais par pure innocence. Le jardin idéal est celui de l’Enfant. Grâce à son imaginaire et à son insouciance, des liens intimes se tissent avec le vivant : nous sommes ouverts aux autres formes de vie.
De ces trois métamorphoses de l’esprit naît un parcours à travers des idéaux qui parviennent à cohabiter entre eux. Il n’est pas d’unité ni d’idéal sans cheminement...
CONCEPTEURS
Bruno PASTANT, Mathilde ALBERT, Léna THEBAUDEAU et Nicolas MARTIN, étudiants
Aurélien RAMOS, enseignant
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE PAYSAGE DE VERSAILLES
FRANCE
Léna Thebaudeau
"Je suis née dans un village de la campagne Seine-et-Marnaise, du nom de ‘Bitibout’, peuplé de 27 habitants. J’ai passé mon enfance à arpenter mon paysage, à multiplier les points de vue de lieux que je connaissais par cœur. Depuis, je suis très attachée à mon village, pour ses Hommes et pour ses paysages. J’ai pris un chemin très différent après mon baccalauréat. En effet, je suis entrée dans une classe préparatoire HEC. J’y ai beaucoup appris, tant sur moi même que sur le monde dans lequel nous vivons. J’y ai surtout appris que je ne voulais pas poursuivre dans ce domaine. J’ai alors découvert l’École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles. J’ai intégré cette école après un an de classe préparatoire pour les grandes écoles de paysage, une année autant formatrice que formidable. En parallèle, j’ai toujours joué de la musique et ne cesse de me rendre compte de sa force fédératrice et de son impact émotionnel universel. Passionnée par le paysage et les Hommes, j'aime m'alimenter dans ce domaine à travers le cinéma, la lecture, la musique et toutes autres formes d’arts. Je suis particulièrement touchée par ceux qui arrivent à faire transparaître ce que vivent les hommes dans nos paysages. Raymond Depardon, Sebastião Salgado, Agnès Varda … Dans le même but, j’apprends et je perfectionne les multiples outils que j’ai à ma disposition : caméra, papier, crayons, musique… Je souhaite pouvoir exprimer à mon tour, à travers des rencontres et des voyages, la sensibilité que nous avons face au paysage."
Mathilde Albert
"Originaire d’un petit village perdu dans les montagnes du Massif Central, j'ai côtoyé dès l’enfance un paysage rural, qui joue de ses reliefs et de ses massifs boisés. Bercé par les surprises et les points de vue spectaculaires sur les vallées, j’ai toujours abordé le paysage comme une mise en scène à grande échelle. En parallèle de cette approche intime et familière, j’ai commencé à m’intéresser au design, sous son aspect social. Je me passionne pour la relation entre Homme et Paysage, sa place dans l’espace urbain et la manière dont ils interagissent ensemble. J’ai donc commencé à étudier l’art appliqué et l’exercice du projet. Petit à petit, je me suis spécialisée dans le paysage en gardant un attrait pour la scénographie et les approches alternatives. J’ai toujours souhaité mêler le concept et la réalisation concrète de projet, en relation avec les populations concernées, ou avec des coéquipiers aux parcours divers. L’implication humaine et l’importance du social dans des projets d’espace me touche et reflète ma manière de voir le paysage de demain. Passionnée par la revalorisation des espaces délaissés, je souhaite m'intégrer dans un urbanisme de transition pour expérimenter le projet sur le terrain. Cette vision est nourrie par une pratique du théâtre et de la danse ainsi que du rapport entre le corps et l’espace. En intégrant l’École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles dans l’objectif d’être designer paysagiste, je me suis rapprochée de l’aspect vivant du paysage. Je me suis ouverte au monde de la botanique et de l’écologie, à travers des lectures et des arpentages. En parallèle de mes études, j'aime préparer des concours pour des événements éphémères, des festivals urbains ou de jardins qui me permettent d’apporter du concret et de m’enrichir à travers des équipes pluridisciplinaires."
Bruno Pastant
"Né au sein des reliefs Pyrénéens, je me nourris depuis enfant de ces véritables lieux de divertissement entre dessin, glisse et aventure. Rapidement, je trouve ma place dans le domaine du paysage, je jardine, crée et modifie l’enveloppe du jardin familial. En secondaire, je développe un intérêt pour la reconnaissance végétale, accompagné d’une envie grandissante d’en apprendre toujours plus. Cette soif de connaissance me mène à réaliser un stage dans le jardin Massey, jardin botanique de la ville de Tarbes (65), dans lequel ma passion pour le paysage s'étoffe. C’est ainsi qu’en 2018, je finis lauréat du concours de reconnaissance des végétaux de la région Occitanie. Enthousiasmé par des études dans le paysage, je me lance dans un bac professionnel, puis dans un BTS en alternance dans lesquels j’ai pu réaliser divers travaux d’entretiens et de créations. Le voyage m’inspire. Les études m’ont permis de parcourir trois régions différentes dans lesquelles je comprends que chaque territoire a sa force, ses identités, qui font du paysage un univers riche de merveilles. En école préparatoire, je cherche à développer les aspects sensibles et artistiques afin de les lier à mes connaissances botaniques. Ainsi, je souhaite concevoir des aménagements ornementaux remplis de richesse floristique. Le travail en équipe est pour moi une opportunité d’échange et de mélange de culture menant à des aménagements toujours plus rêveurs, formés des qualités de chaque membre du groupe. Après sept années passées dans le domaine, j’intègre l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles et rejoint l’équipe de l'agence AMT dans lesquelles je m’épanouie à travailler sur les projets de demain."
Nicolas Martin
"Originaire du Val d’Essonne, je suis un étudiant en paysage. Conquis dès l’âge de sept ans par l’amour du jardin, mes premières réalisations dans le cocon familial consistaient à tailler des arbustes en topiaire ou à dresser un escalier en ardoise dans le jardin de mes grands-parents. Cet attrait grandissant pour le jardin s’est vite transformé en obsession, me poussant à en apprendre davantage sur l’élaboration de travaux d’aménagements extérieurs, la conduite de chantiers, l’agronomie ou encore la botanique. De nature curieuse aussi bien dans ma vie professionnelle que personnelle, je m’intéresse très jeune à la musique. Après avoir appris la batterie, puis plus tard le saxophone, je joue en groupe depuis de nombreuses années. À l’adolescence, j’aiguise un goût pour les arts du spectacle et devient artiste prestidigitateur amateur, côtoyant ainsi le mystérieux univers de la magie à travers congrès et clubs privés. Alors parti en Charente-Maritime puis sur la côte d’Azur pour poursuivre mes études, je suis amené à travailler en stage dans le domaine du luxe, à être jardinier saisonnier à la ville de Paris ou à travailler comme stagiaire aux jardins du château de Villandry. En parallèle de mes études, et ce depuis ma majorité, je propose mes services pour des travaux d’entretien de jardins conduits en autonomie. C’est lors d’une année de classe préparatoire aux grandes écoles que je me forme au dessin et autres techniques graphiques dans le but de poursuivre mes études et m’initier au projet de paysage. Riche de mes expériences de terrain et de ma formation professionnelle, je me destine aujourd’hui au métier de paysagiste concepteur à travers le Diplôme d’État de Paysagiste à l'École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles."
Aurélien Ramos
"Je suis un produit des paysages périurbains du sud de la France, ce qui a fait de moi un paysagiste qui s'intéresse aux espaces du quotidien et aux pratiques ordinaires. Cofondateur du collectif Friche and Cheap, j'ai travaillé pendant près de dix ans à retisser les liens entre les habitants de la ville et leur milieu en portant des projets co-construits de jardins partagés, de squares collectifs et d'appropriation des espaces urbains délaissés. Durant trois ans, j'ai travaillé pour la Ville de Bordeaux dans le cadre du PNRQAD [Re]Centres, à titre d’accompagnateur dans les processus expérimentaux de végétalisation du centre ancien et notamment sur le développement d'un projet de rue-jardin, jardinée par ses habitants. Ma thèse de doctorat soutenue en décembre 2021 constitue un travail d'analyse rétrospective sur ces expériences paysagistes. Mes sujets de recherches portent aujourd'hui sur les pratiques quotidiennes qui contribuent à modeler l'espace et les paysages, par l'entretien, le soin, la maintenance, le ménagement mais aussi par les activités ludiques. Un de mes champs d'activité aujourd'hui porte en effet sur l'accompagnement au développement des projets de "terrains d'aventure", ces espaces de jeu non conventionnels où c'est en jouant que les enfants fabriquent leur propre environnement. Je suis aujourd'hui maître de conférences associé à l’ENSAPBx et depuis 2017 j'interviens régulièrement comme enseignant à l'École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles. C'est là que je rencontre Léna, Mathilde, Bruno et Nicolas dans le cadre d'un atelier de projet dont j'avais la responsabilité."