Édition 2011 - Jardins d’avenir ou l'art de biodiversité heureuse

16. Lucy in the sky

Publié le 07/11/2017

"Lucy in the sky", Festival des Jardins 2011 - © E. Sander

Ce jardin nous entraîne en ville sur le toit d’une tour et met en évidence tous les possibles d’un jardin urbain hors-sol.

Comment ne pas être fasciné par ces plantes qui, il y a plus de 100 millions d’années, étaient terrestres et qui pour survivre dans un environnement hostile se sont transformées pour quitter leur état de terrestre et atteindre celui d’épiphyte ? Et comment ne pas être reconnaissant à Lucy d’être enfin descendue de son arbre érythréen, 99 millions d’années plus tard ?

Aujourd’hui, les abeilles ne supportent plus leur condition d’honnêtes ouvrières agricoles butineuses et meurent en rase campagne sous l’effet conjugué des insecticides appliqués au tournesol, maïs ou arbres fruitiers. Si la moitié survit, celles qui ont rejoint la ville prospèrent, nous dit-on, dans les ruchers qu’on leur installe sur les toits de nos cités.

Les hommes aussi se réfugient dans les villes pour y chercher les ressources que leur campagne ne peut plus leur donner. Cependant leurs jardins peinent à se trouver une place au soleil. Aussi devront-ils s’adapter tels les épiphytes en prenant de la hauteur. Le jardin du futur est sur la ville. Il la contemple et par-delà contemple son grand paysage. S’il est déraciné, il s’adapte et emprunte à la technique ses ressources : culture hors-sol, palette des épiphytes, hydroponie, tapis végétalisés, énergie solaire, brumisation…

Ainsi, l’une des plus grandes découvertes de biodiversité est bien encore à ce jour la richesse de la canopée, jardin hors-sol sur le toit des forêts primaires. Après la pharmacopée, le jardin s’intéressera à ce vaste monde pour le toit des villes. Le végétal colonisera la ville et se nourrira de son eau, de son air et de ses déchets. Quant aux jardiniers, ils seront là pour orchestrer cette symbiose au sein de l’écoumène et en apprécier la diversité des bienfaits.

CONCEPTEURS

Chilpéric DE BOISCUILLÉ, architecte, Raphaëlle CHÉRÉ et Pauline SZWED, ingénieurs paysagistes ENSNP, et Benjamin HAUPAIS, étudiant 4^ème année ENSNP

FRANCE

De gauche à droite : Chilpéric de Boiscuillé, Raphaëlle Chéré, Pauline Szwed et Benjamin Haupais

Chilpéric de Boiscuillé, à peine sorti de la très rigoureuse École Polytechnique de Lausanne se voit proposer un poste d’assistant à l’École Spéciale d’Architecture de Paris et une commande sans budget de la Clinique Psychiatrique de Chailles (Loir-et-Cher). En associant ses élèves architectes au projet puis à sa construction (inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 9 janvier 2006) et en utilisant des matériaux de récupération, il allait orienter sa vie professionnelle qui associera toujours enseignement et construction dans un souci de rigueur et d’économie. En 1993, il crée l’École Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage à Blois à la demande de Jack Lang et il n’aura de cesse de combattre le geste formaliste d’une certaine conception du paysage pour faire « surgir du terrain, après un diagnostic sensible puis scientifique et technique, le sens du projet ». En 2009, il fonde SATIVA paysage SARL, avec d’anciens élèves ingénieurs paysagistes.

Raphaëlle Chéré est ingénieur paysagiste diplômée depuis 2007 de l’École Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage de Blois (ENSNP). Elle développe une approche sensible des espaces, s’attachant à une volonté de créer du lien au sein de la ville durable et de placer l’usager au cœur du projet. Elle a particulièrement travaillé sur des lieux intergénérationnels (jardin thérapeutique, lien homme-végétal) et a été publiée plusieurs fois sur ce sujet. Après deux années passées au sein de SETEC TPI, au plus près de la maîtrise d’œuvre technique, elle a rejoint SATIVA paysage en 2009, pour partager une approche de projet humaniste, pragmatique mais aussi ludique et en quête permanente de nouvelles manières de concevoir ensemble. En 2010, elle a réalisé avec l’équipe SATIVA, le « jardin migrateur » dans le cadre du festival national de la jeune création Imaginez maintenant, dans les hortillonnages d’Amiens.

Pauline Szwed est ingénieur paysagiste diplômée depuis 2007 de l’École Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage de Blois (ENSNP). Ses expériences professionnelles en France au sein d’équipes d’architectes, d’urbanistes et d’ingénieurs, à l’étranger au Canada, Pérou, Nouvelle-Calédonie, en Libye et en Chine, lui permettent de construire une approche pluridisciplinaire, culturelle et sensible du projet de paysage. Intervenant également sur des projets de jardins éphémères, elle a a participé à la réalisation d’installations spatiales pour le festival « Paysages éphémères » de Montréal et la manifestation culturelle « Imaginez maintenant » dans les hortillonnages d’Amiens.

Benjamin Haupais est actuellement étudiant en quatrième année à l’École Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage de Blois (ENSNP). L’importance que le cursus prête aux stages l’a porté à travailler dans des structures très différentes : petites agences françaises à Vannes, quatre mois, tout comme dans de grandes structures chinoise à Shenzhen, cinq mois. Son temps libre est essentiellement investit dans la vie associative de l’ENSNP via l’association des étudiant, l’AIEP, dont il est membre actif : gestion / animation de la cafétéria, organisation des événements, club cinéma, préparation de voyage extrascolaires...

CONCEPTEURS

Plantes du jardin