05. L’envers du décor
Publié le 03/11/2017
Comment parler de biodiversité heureuse sans parler de l’Origine du Monde ?
Ce jardin d’alerte a été inspiré par le tableau de Gustave Courbet et vous invite à porter une attention particulière à l’exubérance végétale initiale et à ce que nous risquons d’en faire, si nos envies ne sont pas éclairées par notre conscience. La visite a partie liée avec notre origine, mais cette fente peut devenir une faille, une fissure dans l’ordre naturel, qui laisse émerger un jardin totalement artificiel avec des végétaux factices, comme s’il nous fallait recréer de façon synthétique pour compenser une biodiversité déclinante. Ce jardin en toc est sous une bulle, enfermé sous respiration artificielle. Plus loin, un miroir renvoie notre image, celle des hommes et de leurs préoccupations, de leur rapport à la nature et à ses métaphores. Le visiteur passe la tête à travers ce miroir percé et se retrouve confronté à l’envers du décor : le miroir brisé au sol, comme si l’homme n’existait plus sans sa quête obsessionnelle et narcissique d’une image parfaite, d’un jardin idéal. Comme s’il était allé trop loin…
Le foisonnement à l’origine de l’homme peut-il survivre à sa propre exploitation et à son développement ? Jusqu’où pouvons-nous organiser le végétal ? Ne risque-t-on pas, à terme, de retrouver les mêmes jardins à New York, Rio ou Shanghai ? Une fois les goûts mondialisés, qu’exigera la poursuite de la beauté universelle ? Telles sont les questions posées par ce poétique jardin d’avenir.
CONCEPTRICES
Cathy VIVIÈS et Vanessa FARBOS, conceptrices de jardins
FRANCE
De gauche à droite : Cathy Viviès et Vanessa Farbos
Cathy Viviès est conceptrice de jardins, diplômée de l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles. Dans sa première vie professionnelle, celle de styliste de mode, elle créé ses propres marques de vêtements. Spécialisée dans la maille et fascinée par l’influence des couleurs dans notre vie, elle conçoit des vêtements basés sur l’harmonie entre la pigmentation de la peau et les humeurs liées aux couleurs. On retrouve ensuite ses collections, chez de nombreuses marques, dont Spitak – Groupe Escorpion, Veste Bene, Groupe Gérard Darel… Pour le papetier OCB, elle organise un concours de jeunes stylistes et lance la marque OCB Urban Wear, présentée au « Who’s Next » comme la collection d’une génération en perpétuel mouvement. Puis dans les années 2000, elle lance un concept de réhabilitation de meubles et objets sous la marque Happy Art. Les collections sont présentées au rythme des saisons de la mode. Influencée par le mouvement pop art, les meubles retrouvent des couleurs éclatantes pour leur seconde vie. Après un passage dans le 7e Art où elle découvre une autre quête de l’alchimie entre la lumière et le mouvement, elle retourne à l’école pour élargir ses horizons au paysage. L’ENSP lui donne de nouvelles perspectives sur le mouvement des saisons et la gestion des couleurs, dans la conception puis le quotidien des espaces publics et privés. Cathy Viviès y trouve encore de quoi satisfaire son insatiable besoin de manipuler couleurs et volumes dans l’espace. Aujourd’hui, elle conçoit et réalise des jardins, des murs végétaux et collaborera prochainement avec Yann Kersalé, plasticien lumière.
Aujourd’hui conceptrice de jardins et récemment diplômée de l’ENSP Versailles, Vanessa Farbos a toujours été intéressée par les textures et la matière. Elle travaille d’ailleurs en atelier avec des céramistes comme Augusto Tozzola et Yoshimi Futamura, où elle donne forme à la matière grâce au tournage et au modelage. La pratique du Raku sera une révélation : la transformation de la matière, le changement d’état. Avant d’intégrer le Monde du Végétal, ses études d’économie l’orientent vers l’urbanisme dans les secteurs cinématographique et de loisirs, ce qui lui permet de côtoyer des architectes de renom et de nouer des liens étroits avec la compréhension de l’espace. Puis, ne se sentant pas assez proche de la matière, du « Vrai », elle choisit par conviction de composer avec le végétal : ses jardins veulent raconter une histoire et ne pas être de simples objets décoratifs. Son objectif est de collaborer dès les prémisses de projets avec des architectes afin de penser les lieux dans leur globalité.