Édition 2004
Vive le chaos ! Ordre et désordre au jardin
15 MAI - 17 OCTOBRE 2004
Une plante naît, se développe, fleurit et meurt. Son destin n’est pas tracé pour autant... Tout au long de sa vie, elle va subir des aventures qui vont influer sur son développement, le faciliter ou l’entraver. La nature ne manque ni d’imagination ni de fantaisie. Si on la laisse faire, elle ne se contente pas de la ligne droite, ni du cylindre, ni du cube, elle invente des formes libres dont il est impossible de dominer la complexité. Le chaos, le désordre apparent sont formidablement créatifs !
Les découvertes scientifiques se retrouvent également au jardin. Est-ce que la "théorie du Chaos" est susceptible de changer notre façon de représenter l’espace puisque nous savons que, ni la ligne droite, ni le pittoresque n’y suffiront plus. C’est la question que nous avons posée aux paysagistes en leur proposant de traiter du chaos. Pas de pessimisme dans cet énoncé, ni de goût pour la pagaille... Seulement un joli pari : à quoi pourraient ressembler nos jardins s’ils cherchaient à être en phase avec la pensée de notre époque ? Naturels ? Ordonnés ? Pourquoi pas mais comment ? Le Festival nous apprend cette année à n’avoir peur de rien !
Les turbulences de l’eau ont donné aux fontainiers l’idée de nouvelles formes de jeux d’eau et de fontaines. Les chaos de bois créés par les tempêtes ont été trans- formés en objets esthétiques et la fascination des chaos de rochers n’est pas nouvelle. Les jardins italiens, notamment la Villa Lante, nous avaient appris à passer du bois sacré sauvage à l’ordre géométrique des bassins. Mais maintenant, ces jardins nous montrent que l’on peut représenter le rapport au temps dans les deux sens : du sauvage au régulier et vice versa. La nature qui reprend ses droits sera toujours plus juste que les tentatives de l’homme pour l’imiter. Des formes émergent du chaos, la spirale notamment. Celle des escargots, des coquillages ou des plantes volubiles qui s’enroulent autour d’une tige. Nous pensions que ce déroulé était régulier. Équilibre, harmonie, symétrie sont naturellement dans la nature et nous pensions l’idéaliser en traçant nos allées régulières ou irrégulières. Nous découvrons de nouvelles logiques de développement.
Le jardin est, comme notre monde, dynamique. Qui parle de forcer la nature quand celle-ci détruit plusieurs siècles de croissance tranquille par une tempête ?
La régularité n’est pas de l’ordre de la nature. Toutes les études sur le mouvement des astres nous le montrent maintenant. Le jardin peut devenir le lieu privilégié de démonstration de ce rapport au temps. Une certitude, la dialectique création/destruction préside à l’art des jardins. La promenade à Chaumont, cet été 2004, est comme un tour de manège jouissif au pays de l’imagination, où on joue à se faire peur, où on sourit, et réfléchit tout de même un peu.