23. NÉO-NOÉ
Les concepteurs de ce jardin ont concentré leur recherche sur la constitution d’un paysage à l’aune des préoccupations actuelles sur la santé environnementale et la blessure des paysages.
C’est à partir de ces questions que Néo-Noé présente une installation paysagère inspirée des parcs mytilicoles. Les tuteurs végétalisés dessinant ce paysage sont autant de filtres permettant de "dépolluer" l’eau et de nourrir les plantes, grâce au principe de phytoépuration associé au système hydroponique.
Ce jardin illustre un geste post-anthropocène où l’homme intervient sur son environnement pour une "empreinte positive". Il offre un rapport enjoué avec la nature et propose un clin d’œil aux déluges annoncés, aux réfugiés climatiques et au phénomène de la montée des eaux, qui amènent petit à petit l’homme à investir de nouveaux territoires et à dépasser ses limites terrestres.
Néo-Noé réinvente l’arche de la mythologie qui avait oublié le monde végétal. C’est un jardin sur l’eau, une manière de cohabiter avec la nature…
CONCEPTEURS
Thierry DUPEUX, architecte, Alexandre MARTINET, paysagiste, Julien GUÉNÉGUÈS, architecte DPLG, Anaïs MOUREAU, designer, et Christian PIEL, urbaniste et hydrologue
FRANCE
De gauche à droite : Anaïs Moureau, Thierry Dupeux, Christian Piel, Julien Guénéguès et Alexandre Martinet
Thierry Dupeux se présente volontiers petit-fils de paysans et fils d’ouvrier, mêlant ainsi une double filiation : Nature et Bétons des villes. Il réunira ces deux univers dans ses projets urbains et architecturaux en inscrivant la biodiversité et l’animal dit "utilitaire". Né à Poitiers en 1963, il est architecte diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne en 1993, il s’installe en libéral à Rennes en 1995 et développe une approche environnementale dans ses projets. Il s’associe avec Julien Guénéguès en 2012 pour fonder l’agence d’architecture et d’urbanisme RHIZOME. Il sera diplômé en ingénierie Haute Qualité Environnementale à Paris La Villette en 2004. C’est là qu’il débute avec Christian Piel, une collaboration dans les projets urbains où le paysage prend une place sensible. Il participe à de nombreux colloques sur la biodiversité urbaine, intervient en master 2 à l’Université de Bretagne Occidentale en géo-architecture et en master 2 de biologie. Enseignant à l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne depuis 1995 dans le module Design, devient coordonnateur des diplômes en master 2 design –DNSEP- et fera alors la rencontre d’Anaïs Moureau en 2014. Plasticien, sous le pseudonyme "TDH macadam-trappeur", il aborde l’anthropocène et interroge sur le rapport Homme/animal en utilisant pour technique de base la taxidermie. Il rejoint le groupe d’artistes Nos Années Sauvage en 2012 et participe à de nombreuses expositions collectives.
Julien Guénéguès est architecte DPLG diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne en 2005. Il devient associé au sein de l'agence d'architecture et d'urbanisme Rhizome en 2012. Passionné de voyages il a exercé sa pratique architecturale dans le cadre de sa formation en Suède à l'École d'Architecture KTH de Stockholm, puis s'est forgé ses premières expériences professionnelles en Australie, à Melbourne puis Adélaïde. Fort de ces plusieurs expériences à l’étranger, il engage l’agence Rhizome dans une réflexion constante sur la culture architecturale et ses limites. Il développe au sein de son agence, un goût prononcé pour les projets variés, de la réhabilitation à la création contemporaine la plus avancée. Convaincu que l’architecture, l’urbanisme et le paysage ne peuvent être dissociés, et qu’ils se doivent de s’alimenter de disciplines variées, il crée par ailleurs en 2010 le collectif Hémisphères, plateforme artistique pluridisciplinaire, dont il est co-fondateur. L'un des objectifs de ce collectif est d'enrichir sa pratique architecturale par l'expérimentation et par une collaboration pluridisciplinaire de la phase de conception à la réalisation. Il est par ailleurs depuis 2011 intervenant auprès des étudiants du DSAA (Diplôme Supérieur d'Arts Appliqués) du Lycée Bréquigny section Design d'Espace.
Alexandre Martinet est né et a grandi à Paris où il a toujours vécu. Amoureux des grands espaces et passionné de montagne et de dessin, il a développé un fort intérêt pour la compréhension du lien entre anthropisation et paysage. Il entreprend alors des études de paysagiste et est diplômé de l’ESAJ en 2004. Il complète sa formation par un master en 2005. Après 10 ans de travail dans différents ateliers de paysages et notamment 5 ans associé chez Signes-Paysages, il se lance en indépendant. Il contribue au développement d’un large éventail de projets dans des domaines variés et collabore depuis 3 mois avec Christian Piel alliant ainsi l’eau et le paysage. Prônant le contraste dans l’esthétisme il expérimente dans ses projets des mélanges inédits à la croisée de la technologie et du végétal. Toujours à la recherche de l’harmonie de la composition il lie une simplicité de formalisation avec la multiplicité des exigences inhérentes aux projets.
Née en 1988, à St Brieuc, Anaïs Moureau, a obtenu son BTS en Design d’Espace, à Caen en 2009. Elle intègre ensuite l’École Européenne Supérieure d'Art de Bretagne à Rennes, où elle obtient, en 2013 son DNAP-Design. L’année suivante, elle part étudier six mois à l’École d’Art allemande Muthesius Kunsthochschule et suit la spécialité Raumstrategien (Stratégies Spatiales). Sensible à la question du paysage, de la santé environnementale et ayant un intérêt fort pour la botanique, la jeune designer s’intéresse au concept de "blessure" du paysage. À travers son mémoire de fin d’étude, "Le paysage blessé", elle se pose les questions : en quoi un paysage serait-il blessé ? Et s’il est considéré comme tel, comment peut-on le revaloriser ? En 2015, elle obtient, avec les félicitations du jury, son DNSEP-Design. Son projet de diplôme, réalisé d’après le programme de recherches URU (Unité Régénératrice Unicellulaire), sous la direction de P. Lafon, enseignant EESAB et en collaboration avec des ingénieurs (Insa et Gmp) et la direction des jardins de la ville de Rennes, consistait en la réalisation d’une installation paysagère. Anaïs cherche à réconcilier l’homme avec la nature. Elle propose une installation permettant de "réparer" un étang devenu impropre à la baignade, grâce à la phytoépuration. À l’issu de son diplôme, elle expose une partie de ses travaux au Frac de Rennes, Culture sur portique, lors de l’exposition "Mettre à jour et Extension" en septembre 2015. Elle projette de s’installer dans sa propre structure pour développer et étendre ce projet qui englobe paysage, design et environnement dans une approche positive et enjouée.
Urbaniste de formation, hydrologue, Christian Piel a fondé et dirigé pendant 20 ans l’agence de paysage Composante Urbaine, agence spécialisée dans l’intégration de l’eau dans la ville. Depuis 2 ans, au sein d’Urbanwater, associé au bureau d’études en hydrologie urbaine Sépia, il développe plus encore ce lien entre l’eau et les territoires urbains, cette fois à toutes les échelles. De l’échelle du grand paysage, en intégrant des problématiques telles que le risque d’inondation, à l’échelle du jardin de pluie, réintroduisant dans la ville le cycle de l’eau. L’eau constitue une clé d’entrée essentiel dans le projet, en révélant la géographie, en étant support et facteur de paysage. Elle participe également, par le métabolisme naturel qu’elle réactive en milieu urbain, à apporter des réponses aux enjeux contemporains, tels la biodiversité ou la création d’îlots de fraîcheur.