J. Min Jung-Yeon
"Tissage"
L’œuvre s’appuie sur le vécu de l’artiste et la réalité tragique d’une Corée scindée en deux depuis soixante-six ans.
Son socle théorique est double. Min Jung-Yeon convoque la pensée de Lao-Tseu sur les contraires – envisagés comme nécessaires et générateurs de nouveauté – et inscrit sa création dans cette conception millénaire selon laquelle le vide n’est pas vide mais créateur d’énergie. La recherche contemporaine et les considérations sur le temps et l’espace du physicien quantique Carlo Rovelli sont également ses sources d’inspiration : si l’on croyait autrefois l’espace vide, on parle aujourd’hui de matière “noire” ou “transparente” dont l’essentiel reste à découvrir. Quant au temps, on le sait désormais relationnel et constitué de multiples strates et non pas unique et unidirectionnel comme le laisse penser notre perception humaine…
À partir de ces éléments réels, philosophiques et scientifiques, Min Jung-Yeon a conçu une œuvre monumentale et immersive. Le visiteur y est à la fois maître de sa déambulation et pris malgré lui dans un kaléidoscope immense où se tissent des entrelacs en superposition. Le reflet dans le miroir est la seule réalité d’un temps qui n’a pas d’ordre… Les visions en strates alternent en permanence. S’y opère une dynamique organique sans fin.
REPÈRES BIOGRAPHIQUES
Elle a grandi dans la campagne sud-coréenne où, dès le plus jeune âge, elle s’est immergée dans la nature, lieu inépuisable d’observation. En 1997, elle part à Séoul pour se former aux arts plastiques à l’Université Hongik. Après ses études, elle éprouve le besoin de se confronter à d’autres modes de pensée ; Min Jung-Yeon quitte la Corée pour intégrer les Beaux-Arts de Paris (ENSBA) dont elle sort diplômée en 2006. Depuis, installée en France, elle poursuit une œuvre empreinte de ces rencontres comme de son pays, une Corée contemporaine tiraillée entre consumérisme et tradition.
Rien n’est statique dans le monde à la délicatesse extrême de Min Jung-Yeon. Rien n’est tout à fait réel comme rien n’est complètement imaginaire. Ses œuvres se présentent telles des compositions scéniques, frontales, face auxquelles on retient son souffle. S’expriment ici l’intimité de l’artiste, son appartenance à une histoire contemporaine et sa fascination pour les sciences, et notamment l’exploration de l’espace.
Min Jung-Yeon a participé à Medi(t)ation, la troisième biennale d’art contemporain asiatique au National Taiwan Museum of Fine Arts en 2011. Elle est la lauréate 2011 du Prix des Partenaires du Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne Métropole. Le musée consacre une exposition et un catalogue à ses dessins - Demander le chemin à mes chaussures - en 2012. Plusieurs de ses dessins sont alors intégrés à la collection du musée. Son œuvre est présentée dans l’exposition Séoul-Paris-Séoul au Musée Cernuschi à Paris en 2015. En 2017, The State Museum of Oriental Art à Moscou a accueilli son exposition The Memory of Space. En 2019, le Musée national des arts asiatiques - Guimet (Paris) lui offre une carte blanche.
Exposée régulièrement en galeries en Asie et en Europe depuis 2004, elle collabore avec la Galerie Maria Lund à Paris depuis 2010. Elle y a présenté quatre expositions personnelles, Mémoire de la serre (2012), Hier je comprenais mieux aujourd’hui (2015), La lettre de Pluton (2018) et L’aube après la nuit (2020). La galerie Maria Lund a également exposé son œuvre dans des foires (Drawing Now, Paris, 2010, 2011 et 2012 - YIA, Paris 2014 et 2015 - Art Paris, 2016 - ASIA NOW, Paris 2017, 2018 et 2019) et des expositions collectives.