Nouvelle Galerie des Écuries
Jacqueline Salmon
"La racine des légumes"
Publié le 20/05/2019
Telles des natures mortes, les photographies de Jacqueline Salmon exaltent les beautés insoupçonnées de légumes rares ou quotidiens, à la grâce parfois étonnamment digne de fresques anciennes .
Le titre de cette exposition est inspiré du recueil de pensées Propos sur la racine des légumes de Hong Zicheng, philosophe de la dynastie Ming. La série La racine des légumes, réalisée de 1998 à 2000, est signée de Jacqueline Salmon et Robert F. Hammerstiel.
« J’avais demandé à Robert d’être mon assistant dans ce travail qu’il fallait faire à la Chambre 4 x 5 inches, et que je ne pouvais pas réaliser seule, et il avait accepté. Très vite il a fallu être deux pour réfléchir, deux pour prendre des décisions, indéniablement ce que l’on faisait ensemble ne ressemblait pas exactement à ce que j’aurai fait toute seule et j’ai décidé de signer avec lui. Les légumes sont cultivés par Gilles Béréziat à la Ferme des Bioux à Buellas près de Bourg en Bresse. Ses légumes m’avaient époustouflée un jour sur un marché de l’Ain, alors que j’avais commencé le travail au potager du roi à Versailles où ils étaient décevants. En déplaçant géographiquement mon sujet j’ai perdu son financement ! Et ni le livre ni l’exposition n’ont jamais existé. Ce travail a duré plus de deux années car il nous manquait des espèces, et une amitié s’était installée avec le maraîcher et sa famille. Nous décidions parfois ensemble des variétés manquantes. Il nous avertissait lorsque les poireaux, les choux, les aubergines arrivaient à maturité. Il fallait alors arriver à Buellas parcourir les champs, choisir les légumes, les déterrer, les transporter dans un studio improvisé sous le hangar à l’abri du soleil direct qui les aurait fanés en quelques minutes. Robert aurait voulu un éclairage artificiel pour éviter les teintes de la lumière du jour, bleue le matin, orangées le soir. Mais avec la chaleur des éclairages la plante prenait instantanément un air souffrant. Il a fallu se résoudre à ne pas maîtriser la coloration du sol de béton qui servait de fond. Robert avait construit un échafaudage de caisses de pommes de terre sur lequel il grimpait, la chambre était ainsi suspendue au dessus du sol soigneusement balayé sur lequel je disposais la plante. Il fallait alors lui redonner du volume avec tout un jeu de petites épingles, boules, cubes, branchettes, puis nettoyer les racines avec un pinceau, retirer toute la terre à sec, pour que les radicelles ne se collent pas les unes aux autres et qu’aucune goutte d’eau ne vienne tâcher le sol ». Jacqueline Salmon
Repères biographiques
Jacqueline SALMON
FRANCE
Jacqueline Salmon est née en 1943 à Lyon et vit aujourd’hui à Paris.
Elle étudie l’architecture intérieure à l’École Nationale Supérieure des Arts Appliqués, enseigne la danse, réalise quelques décors de théâtre, diverses expositions à thème historique. Pendant quelques années, elle consacre sa vie à la musique, à la botanique, à la lecture et écrit un journal : Passé composé et Futur antérieur, deux volumes qui s’élaboraient simultanément dans le souvenir et dans l’imagination du futur, à partir des instants vécus dans le présent.
En 1973, un accident d’équitation bouleverse sa vie. Elle découvre alors la photographie et décide, en 1981, de s’y consacrer exclusivement. Les relations qu’entretiennent l’Histoire, l’Architecture et l’Art en général avec la philosophie seront au centre de ses préoccupations. En 1981, la rencontre avec la plasticienne Aline Ribière conduira à une longue série de travaux en dialogue. En 1984, la Mission du patrimoine photographique lui passe une commande sur le couvent de Le Corbusier, qui sera exposée au Palais de Tokyo pour le centenaire de l’architecte en 1988. En 1987, elle fonde avec Jean Jacques Romagnoli l’association Photographie d’Auteur au sein de laquelle elle est responsable des éditions et des commissariats d’exposition. De nombreuses invitations pour des conférences en Europe de l’Est lui permettent de rencontrer Robert F. Hammerstiel, tout jeune photographe. En 1993, elle obtient le prix de la Villa Médicis Hors les murs avec le projet Entre centre et absence. Elle effectue aussi un travail remarqué sur le Centre de Sangatte.