03. Oikos
Quatre milliards d’individus se concentrent dans les villes : la sur-densité menace la nature dans nos grandes métropoles et l’exploitation intensive des ressources naturelles fragilise notre planète. À ce danger nouveau dans l’histoire de notre société répondent des initiatives réintégrant la nature dans notre quotidien et développant de nouveaux modes de vie.
Invités dans le quotidien de l’Oikos, les flâneurs franchissent l’entrée de la maison pour découvrir une nature qui s’infiltre dans l’ossature et se cache entre les murs devenus réceptacles de cultures, abris à insectes etc. Le jardin de demain n’est donc pas une utopie lointaine. Il est déjà à notre porte, sous nos fenêtres et sur nos murs, et pénètre les intérieurs de la Maison-Monde.
CONCEPTEURS
Mathieu LOCRET, jardinier-paysagiste, Anna-Laura BOURGUIGNON et Mathilde GALLICHET, architectes, et Stéphane AVENET, paysagiste et menuisier de jardin
Avec la participation de Manon DAMIENS, sculpteur sur métal
FRANCE
De gauche à droite : Mathilde Gallichet, Anna-Laura Bourguignon, Mathieu Locret, Stéphane Avenet et Manon Damiens
Anna-Laura Bourguignon, un prénom composé évoquant ses racines mexicaines, est née en France, a grandi à Guadalajara puis en Belgique, a passé son adolescence à Boulogne, et a entrepris des études d'architectures entre Paris et Mexico. Elle est pour le moins une enfant du monde. Elle a commencé son travail d'expérimentation paysagiste avec les plantes locales mexicaines à l'âge de 4 ans, essayant de faire pousser un jardin sur le carrelage de la cuisine de sa tendre mère. À ses dix ans ses papilles gustatives la pousse à regarder de plus près la pousse des piments, une passion grandissante qui la poussera professionnellement. À 14 ans, une époque obscure où l'imagination se tait pour qu'elle se dédie à réussir son cursus scolaire, elle préférera délaisser les plantes au profit du béton, parce que les fleurs c'est périssable, et le béton c'est tellement bon. Elle commence à 18 ans la carrière d'architecture à l'École Nationale Supérieure d'Architecture Val-de-Seine. Elle aurait pu terminer le cursus d'architecture dans les 5 années imparties mais l'année d'échange à l'université d'architecture de Mexico (UNAM) lui remet en bouche les saveurs mexicaines et elle retombe dans la botanique et la cuisine. Elle restera "addict" deux ans, avant de revenir s'isoler à Paris pour terminer ses études et se plonger enfin dans le jardin de demain.
Stéphane Avenet
"Passionné depuis l’enfance par la Nature et en particulier les plantes, je me suis forgé peu à peu la profonde conviction de devoir agir pour la préservation de l’environnement. Mais c’est avec la certitude que seule une action concrète a du sens que je deviens jardinier professionnel en créant, en 2004, mon entreprise de paysage Coccinelles & Jardins. Avec la solide volonté de pratiquer ce métier de manière écologique, je trouve rapidement les partenaires me permettant d’avancer sur ce chemin. L’utilisation du bois sous toutes ses formes a toujours été une composante forte de ma pratique du métier de paysagiste. Sans cesse à la recherche de connaissances nouvelles et de techniques alternatives, je transmets à mon tour en formant plusieurs personnes chaque année au sein de mon entreprise et en intervenant régulièrement dans des centres de formation".
Mathilde Gallichet est architecte diplômée d’État de l’École Supérieure d’Architecture Paris-Val-de-Seine suite à une année préparatoire en art appliqué et 6 années passées à fouler le macadam parisien, et à respirer son air chargé de particules qui n’ont rien d’élémentaires.
En quête d’air pur et de nouveaux horizons, elle dit adieu à la Ville-Lumière qui l’avait vu pousser et part à la recherche d’alternatives et d’engagements. Cette décision la mènera sur les sentiers d’Amérique Centrale où elle posera bagages 4 mois durant dans le village de Zacatecoluca au Salvador. Penser la requalification d’une ancienne Finca de café en laboratoire d’innovation sociale destiné à transmettre le savoir éco-agricole aux nouvelles générations, s’immerger dans de nouvelles cultures plus solidaires et surtout contempler l’incroyable richesse et la fragile existence du monde végétal et animal … tous ces éléments feront germer l’envie d’une collaboration autour du jardin de demain.
Mathieu Locret est jardinier-paysagiste. L’envie, c ‘est de remettre les mains dans la terre. Les raisons, ce sont les siennes. "J’aime la couleurs et les formes depuis mon plus jeune âge". Ne sachant pas faire la différence entre peinture et sculpture, ayant un profond respect pour la nature, il est devenu jardinierpaysagiste. Aujourd’hui, il propose des conceptions-réalisation pour les particuliers. Il développe des jardins utilitaires et esthétiques, la gamme des végétaux comestible est travaillée dans le sens d’une profusion végétale abondante. "Créer des espaces de joie est mon seul objectif dans mon jardin quotidien".
Sculpteur sur métal, diplômée des Métiers d’Art de l’ENSAAMA en 2003, Manon Damiens après ses études travaille au théâtre et au cinéma comme scénographe aux côtés de Guy Claude François et de Laurence Bruley. Avide de connaissances, elle voyage beaucoup et s’installe au Niger pendant 2 ans, où elle apprend la technique des bijoux touareg auprès du maître forgeron Ousmane Anour. A son retour en France, riche de toutes ces expériences comprend qu’elle a conquis son indépendance d’artiste, elle est prête à travailler seule et ouvre son propre atelier de sculpture sur métal à Narbonne... Très vite une première exposition, puis le soutien de la DRAC, une municipalité de l’Aude lui offre une résidence d’artiste, les commandes arrivent, les galeries lui proposent régulièrement des expositions et elle intègre les Ateliers d'art de France... Depuis toujours le métal l'appelle: il faut qu'elle tape, soude, coupe, imagine des formes, du mouvement dans ce métal en apparence froid et lourd. Son obsession: conquérir la légèreté de la matière...Au cours d’un dialogue intime entre sa sensibilité et le métal, Manon crée des espaces, des interstices, des craquelures, du vide, pour que le métal nourri d’air respire, ondule, emprunte sa vie à la vague de l’atmosphère...
Tout son travail consiste à rendre le métal aérien, léger, mobile, souple et parfois même musical... Dans cette quête Manon cherche à nourrir l’imaginaire du spectateur de liberté et de poésie, à réveiller ses rêves d’enfance. Une caresse, un souffle, un effleurement et l’œuvre vibre à la guise du visiteur qu’il n’est pas rare de voir taper du pied sur le sol ou souffler sur les œuvres tout à la joie d’en provoquer le mouvement léger ou le son cristallin. Vibrations impalpables, sensitives, intensément vivantes où se joue une authentique interaction entre l’artiste et le spectateur devenu acteur...