Laurent Millet
"Hespérides"
Hybrides, les œuvres photographiques de Laurent Millet prennent racine dans l’espace via d’autres mediums, comme la sculpture, le dessin, ou l’installation in situ. Hors du temps, elles explorent une multitude de techniques de tirages, ambrotype, papier salé, cyanotype, gélatino- argentique et très récemment la gomme bichromatée. La fabrique de l’image, et par extension de l’imaginaire, est au cœur de ses recherches plastiques. Préoccupé par la narration et des caractères plus formels liés à l’architecture, il interroge par ailleurs la place de l’artiste dans le processus de création.
Lors d’une résidence de création en Indonésie, Laurent Millet découvre de vertigineux rideaux de végétation dans des forêts tropicales sur des collines escarpées. Il est subjugué par cette profusion, densité, luxuriance, verticalité, et impressionné par le sentiment d’être à la fois entouré et rejeté par cette forêt. Une expérience qu’il traduit à son retour en France dans la série Hespérides, présentée à Chaumont-sur-Loire.
Le jardin des Hespérides est un jardin mythologique situé aux confins occidentaux du monde antique. Réservé aux dieux, interdit aux humains, gardé par des muses. Muses du couchant et de sa lumière, les Hespérides sont garantes de l’inaccessibilité du jardin et de ses trésors, notamment ses pommes d’or. Pour Laurent Millet, une image idéale n’est jamais moins qu’un jardin : une représentation hors d’atteinte et fermée par un cadre, qui nous révèle des beautés en même temps qu’elle ne cesse de nous rappeler que ces dernières sont toujours ailleurs. Derrière la surface, au-delà du mur, sous le reflet, dans le temps.
Les tirages sont réalisés par Laurent Millet à la gomme bichromatée, procédé ancien de tirage photographique, en couches successives de gomme arabique et de pigments bleu et or. Ils traduisent le goût de l’artiste pour les papiers dorés gaufrés allemands du 18e siècle lesquels, au travers de représentations végétales, animales, humaines stylisées, convoquent la question de l’exotisme et celle de l’ornementation, du multiple et de l’imagerie populaire. Ces papiers dominotés sont eux-mêmes directement inspirés des brocarts et des tissus importés d’Orient, les “indiennes” à l’origine de nouvelles tendances dans l’ornement et le décor intérieur.
REPÈRES BIOGRAPHIQUES
Laurent Millet est représenté par Galerie Binome, Paris.