07. Mon jardin à moi Sétois
Publié le 27/12/2023

Conversation saisie sur le vif à la terrasse d’un café à Sète :
- Un jardin ? On t’a demandé de faire un jardin ? Mais t’es pas jardinier !
- Et pourquoi pas ? On a bien vu des jardiniers devenir des sculpteurs ?
- Comment ça ?
- Ben oui, le drôle de pot que t’as vu à Paris devant Beaubourg, c’est Reynaud, un ex-jardinier. - Si tu le dis...
Souvenir d’enfance :
J’aime l’idée d’un jardin comme champ de mémoire : le jeu dans l’espace ne peut qu’impliquer un jeu dans le temps. Le terreau de mon jardin se trouve du côté de l’enfance : tous les dimanches, c’était macaronade à déjeuner et après-midi au jardin de Balaruc. Ce n’était pas un jardin à la française. Plutôt du genre jardin ouvrier. Avec un semblant de potager, des fleurs et surtout un poulailler. Mais attention, un poulailler sans poule. Qu’avec des canards. De chasse, les canards. Des appelants. Un poulailler comme on n’en fait plus. Fait de bric et de broc. Une vraie installation d’art moderne qui était pour moi propice à toutes les rêveries. Encore aujourd’hui, mon atelier du sud n’est dis- tant de ce jardin que de quelques mètres.
Souvenir imaginaire :
Mais le jardin de la mémoire est aussi la mémoire du jardin, des jardins, particuliers ou publics. Je cherche depuis quelques années à travailler avec des topiaires car je pense qu’en elles se nouent la rencontre entre le jardinier et le sculpteur, la nature et l’artifice, le raffinement et le mauvais goût ou goût kitsch comme avec par exemple la mosaïculture. Mais travailler sur cette mémoire-là m’intéresse, de même que je songe aussi à un jardin zoologique imaginaire mettant en scène les espèces animales disparues comme un pied de nez à toutes ces expositions exhibitionnistes et un authentique devoir de mémoire : la sculpture ou rendre présent ce qui est irrémédiablement absent.
CONCEPTEURS
Richard DI ROSA, sculpteur
FRANCE
Richard Di Rosa, dit Buddy, est né en 1963 à Sète. Si au tout début de sa carrière cet autodidacte de l'art a parfois semblé influencé par la vision de son frère Hervé, avec qui il fût un des principaux artisans du mouvement français de la "Figuration Libre", renouveau de la peinture dans les années 1980, il a très rapidement créé un univers à part. La couleur, les formes rondes et décomplexées de ses personnages témoignent d'une proximité esthétique avec Joan Miró ou encore Max Ernst. La culture africaine, la musique et les animaux (ses fameuses poules en particulier) sont autant de thèmes d'inspiration pour ce sculpteur.