20. Mind mist
Publié le 27/12/2023

Le minimalisme de ce jardin nous permet d’y entrer plus facilement. La première sensation qui nous envahit est celle que l’on identifie aux promenades dans les cimetières, et notamment les cimetières anglais où de simples stèles, sans dalle funéraire, ponctuent régulièrement le gazon. Ici, le chemin est bien marqué, mais rien ne nous force à emprunter le même circuit que d’autres visiteurs. La topographie est modelée en permanence par le cheminement des promeneurs.
Trois types de matériaux composent les stèles : le béton, le bois, et le métal. Chaque élément est plus ou moins résistant aux intempéries, à la pression du public. Leur altération à l’origine et au fur et à mesure de la vie du jardin est le signe de leur temporalité, comme des souvenirs sur lesquels on regarde le temps passer. La mémoire range ces derniers les uns sur les autres, comme des couches sédimentaires dans une coupe stratigraphique. La promenade dans ce jardin nous invite à s’en remémorer un à chaque stèle. Les premiers qui nous reviendront, les moins anciens, n’auront pas encore subi la dégradation du temps et leur incarnation sera parfaite. Les derniers, à la fin de la promenade, plus anciens, seront plus vagues et plus flous, mais plus durables que les autres, et les stèles qui nous les évoquent, plus abîmées. L’effort de remonter le fil de notre mémoire est intense, mais le voyage est en lui-même déjà une récompense.
Trois types de végétaux sont employés de façon très distincte dans ce jardin. La végétation masque les stèles, les décompose, les diffuse, et l’œil du visiteur n’en perçoit plus que les fragments. Le choix des essences joue un grand rôle dans la symbolique du lieu. Les bambous avec leurs feuilles persistantes composent un rideau fin, comme un premier filtre des souvenirs, et tranchent avec les arbustes, les herbes folles qui composent le reste des végétaux de ce jardin.
CONCEPTEURS
Ekain OLAIZOLA LIZARRALDE, Mari Torres Roser, Laia Solé Raventos, Carlos Corral Escriche et Jordi HERNADEZ DE GISPERT, étudiants
Miquel Vidal, enseignant
ESCOLA TECNICA SUPERIOR D'ARQUITECTURA DE BARCELONA
ESPAGNE