25. Le mémorial de Tulse Luper
Publié le 27/12/2023

La vie de Tulse Luper, au cœur des projets cinématographiques actuels du réalisateur Peter Greenaway, est une fiction qui raconte les péripéties d’un homme et de ses prisons. Nous sommes tous prisonniers de quelque chose : de l’argent, de la société, des habitudes... Tulse Luper fait et défait ses valises lors de son périple autour du monde. Il est écrivain, collectionneur, collationneur et classeur invétéré. Disparu en 1989, son corps n’a jamais été retrouvé. Peter Greenaway a décidé d’y réaliser son cénotaphe à Chaumont.
Tulse Luper, l’attrapeur d’images, contemple ici le jardin idéal : jardin multiple et insaisissable. Parfois il pense qu’il pourrait ressembler à celui de Vaux- le-Vicomte, cause de la disgrâce du Surintendant Fouquet, désavoué par Louis XIV. D’autres fois, il croit qu’il l’a trouvé à Dinard, dans un lieu où tous les personnages ont le visage des portraits d’Ingres, ou encore à Groombridge dans le Kent, ou dans un jardin à côté de Kyoto, où il est resté volontairement prisonnier dans les années 60, et duquel il a ramené des feuilles. La contemplation de ces jardins, depuis des points de vue variés, l’ont fasciné et ont laissé une trace indélébile dans la mémoire de Tulse Luper.
Il s’agit ici d’ouvrir l’œil. C’est le jardin du voyeur. On peut y voir ce qu’on ne voit jamais. Un plateau, portant une forêt colorée, à hauteur d’homme, per- met au visiteur de mieux appréhender la matière du sol et des végétaux qui composent le jardin. On finit par s’y absorber complètement. Le rêve succède à la réalité, et comme un dormeur assoupi dans l’herbe printanière, on finit bientôt par appartenir à ce jardin.
CONCEPTEUR
Peter GREENAWAY, cinéaste
GRANDE-BRETAGNE
Peter Greenaway, britannique né en 1942, débute sa carrière dans la peinture avant de se lancer dans l'écriture et l'illustration de livres. C'est à partir de 1965 qu’il aborde le cinéma, en officiant en tant que monteur au Central Office of Information mais également en réalisant de nombreux courts métrages expérimentaux. En 1982, après un premier long métrage étrange déjà porteur d'un ton et d'une originalité hors-norme, il est révélé au niveau international avec Meurtre dans un jardin anglais, drame érotique sur fond d'art pictural et d’art des jardins. Suivent alors Le Ventre de l'architecte (1987), situé dans le monde de l'architecture, et le thriller Drowning by numbers (1988). Peter Greenaway construit une carrière jalonnée d'œuvres ambitieuses, expérimentales, souvent cruelles et violentes, dont la mise en scène privilégie la lenteur et le sublime jusqu'à créer un malaise chez le spectateur. L'art et une certaine fascination pour les nombres et la couleur sont également souvent au cœur de ses films. 2003 marque la sortie de The Tulse Luper suitcases, porté par un casting prestigieux et présenté en compétition à Cannes, et premier volet d'une trilogie cinématographique mais aussi d’un vaste déploiement d’œuvres multimédias : films, expositions, films d’animations et sites web multimédias.