04. Jardin de cairns
Publié le 27/12/2023

On retrouve des cairns dans de très nombreuses civilisations. Ces empilements de pierres que l’on croise en montagne, souvent dans des lieux spectaculaires ou inhospitaliers, sont l’expression du passage de l’homme. Celui-ci, par un geste esthétique, a besoin de laisser son empreinte dans le paysage comme pour lui rendre hommage. Le cairn garde la mémoire de ceux qui sont passés dans un lieu.
Le jardin de cairns s’inscrit dans la longue tradition des jardins de pierre, notamment dans celle des jardins chinois.
Le visiteur est ici amené à participer à la composition du jardin. En laissant sa trace, il fabrique la mémoire du lieu. Les pierres de toutes formes, de toutes tailles et de toutes couleurs, sont autant de mots différents, avec lesquels l’homme écrit l’histoire de la mémoire du jardin. Ces phrases minérales jouxtent des "pierres-mots", comme pour dire la même chose de manière différente. Le cairn est une variation du langage. Les visiteurs s’approprient alors l’espace du jardin en perpétuelle recomposition, décryptant les traces de ceux qui sont déjà passés et annonçant ceux qui vont encore venir. C’est un flux de mémoire qui structure ce jardin.
Au fil du temps, ce jardin va évoluer, se transformer sous l’effet de la pluie, de la solidité des empilements ; il est exempt de nostalgie : les matériaux du passé servent au futur avec un nouvel élan créateur. L’homme écrit l’homme, l’homme écrit le monde, et le sol garde la trace dans sa chair de cette intervention.
La végétation de ce jardin rappelle la végétation pionnière. On y trouve de jeunes arbres qui ne dépassent pas 1,50m (bouleaux, sorbiers, noisetiers) dont la fragilité tranche avec l’assurance des graminées conquérantes.
CONCEPTEURS
Marguerite AIME-SINTES, paysagiste et Damien PROVENDIER, écologue
FRANCE