16. Qui s’y frotte, s’y pique !
Publié le 17/10/2017
Qui s’y frotte, s’y pique !. Le jardin est un lieu où nos sens sont en éveil, pour le meilleur, mais aussi pour le pire...
On aurait tort de croire qu’un jardin est uniquement un lieu de plaisir. Une bataille sans merci y est quotidiennement livrée ; on échardonne, on sélectionne, on tue et on éradique. C’est un terrain miné où de véritables petites pestes heurtent nos sens en toute impunité. Il y a celles qui taquinent notre odorat, celles qui s’accrochent un peu trop et celles qui nous répugnent. Il y a les velues, les puantes, les suintantes, les péteuses, les piquantes et les disgracieuses.
Guerrières aguerries et fins stratèges, ces plantes ont développé un puissant arsenal de guerre pour se faire une place de choix au jardin. Il est proposé au public de déposer ici les armes et de hisser le drapeau blanc pour prendre le temps d’admirer le génie végétal et les techniques de défense développées par ces enquiquineuses.
Telle une armée en marche prête à conquérir de nouveaux espaces (un terrain en friche, les talus en bord de route ou les parterres des plus beaux jardins), les plantes avancent vers les visiteurs. Au fond du jardin, les sentinelles alignées en rangs serrés, solennelles dans leurs uniformes noirs, montent la faction, baïonnettes en joue. On compte cinq unités de soldats solidement armés prêts à heurter le toucher, l’odorat, la vue, l’ouïe et le goût.
Les « poilues » ne tomberont pas ! Qu’à cela ne tienne, qui s’y frottera s’y piquera et s’en amusera !
ConceptRICES
Claire MUNIER, paysagiste DPLG et Marine PUGIN, paysagiste
FRANCE
De gauche à droite : Claire Munier et Marine Pugin
Claire Munier est paysagiste DPLG. Diplômée de l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles, elle s'intéresse au paysage du quotidien et mène des projets au service des usagers de la nature ordinaire. Elle a pris part à la réalisation de plusieurs projets de paysage sous la forme de chantiers participatifs en France, en Bosnie-Herzégovine et en Russie. Ces expériences singulières lui ont permis d'asseoir la conviction que l’implication de l’usager dans l’installation d’un projet assure sa reprise et sa pérennité. Elle développe par ailleurs une pratique artistique autour de la cartographie et de l’interprétation graphique de la démarche du projet avec un médium particulier : la broderie. Elle travaille actuellement pour l'agence Radar en parallèle de sa collaboration avec Marine Pugin sur la conception de jardins privés et associatifs.
Marine Pugin est paysagiste. Diplômée de l’École Supérieure d’Architecture des Jardins et des Paysages de Paris et du Master 2 Projets Culturels dans l’Espace Public de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, elle agit sur les questions d'aménagement en s'interrogeant sur les relations entre arts, cultures, populations et territoires. En quête d’alternative et d’engagement, elle mène une démarche exploratrice et participative. Sa pratique se construit autour de variations d'échelles et de mises en œuvre (entre installations, jardins éphémères, commande privée et publique) et d'allers-retours entre dessin et fabrication du projet de paysage. Elle travaille en collaboration avec Claire Munier sur des projets issus de commande privée, notamment la gestion collaborative d'un jardin associatif des Murs à Pêches de Montreuil.