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La chambre dite de Ruggieri

Publié le 19/10/2022

Cette pièce est ainsi nommée en raison d’un signe figurant sur le manteau de la cheminée : la lettre grecque delta (initiale de Diane) et trois cercles ou trois lunes pleines. Cette sculpture a d’abord été interprétée comme un signe cabalistique de Ruggieri, l’un des astrologues de la reine Catherine de Médicis, mais il pourrait être également une évocation de Diane de Poitiers, puisque dans la mythologie romaine, Diane est la déesse lunaire.

Un lit à ciel suspendu de la fin du XVIIème siècle, un portrait présumé de Cosimo Ruggieri du XVIIème siècle, une curieuse chaire du XVème siècle, évoquant à travers trois paliers différents, la position hiérarchique du seigneur et de sa famille ou la position des membres du clergé, et un cabinet ouvrant à un tiroir et ceinture, avec un abattant à serrure daté du premier quart du XVIIème siècle, complètent l’aménagement de cette chambre.

Cette pièce présente une cheminée polychrome du XVIème siècle, qui rappelle que toutes les cheminées étaient autrefois peintes, et des murs construits à la fois en brique et en pierre, selon un procédé courant au début du XVIème siècle.

 

Cosimo ou Côme Ruggieri
Né à Florence, il est le fils d'un médecin, astrologue et devin : Roger l'ancien (Ruggiero il vecchio). Amené en France par Catherine de Médicis, il devient son confident et son conseiller, exerçant sur elle une influence considérable.
On prête à Ruggieri un certain nombre de prédictions. Il aurait affirmé à Catherine de Médicis qu'elle serait reine de France (alors qu'elle était mariée à Henri II, qui n'était à l'époque que le cadet du roi régnant) et qu'elle aurait 10 enfants au moment où elle se croyait stérile.
C’est au Château de Chaumont que se serait déroulée l’une de ses prédictions les plus connues : l’entrevue entre Ruggieri et Catherine de Médicis. Les historiens ne sont pas tout à fait d’accord sur la salle où aurait eu lieu ce rendez-vous, mais d’après Félibien (architecte et historiographe français du XVIIème siècle), cette salle donnait sur la Loire, donc soit dans l’aile nord détruite en 1750, soit dans la tour Saint-Nicolas, toujours en place.
Les trois visages des fils de Catherine de Médicis seraient apparus successivement dans un miroir, qui aurait fait autant de tours que d’années de règnes de chacun des trois rois : François II (1 tour), Charles IX (14 tours) et Henri III (15 tours). Au décès de ce dernier en 1589, sans descendance, la dynastie des Valois s’éteint au profit de celle des Bourbons, avec l’avènement du roi Henri IV.
Cosimo Ruggieri aurait également prédit à Catherine de Médicis qu’elle mourrait "près de Saint-Germain", ce qui avait interrompu la construction du Palais des Tuileries, sis près de l’église Saint-Germain l’Auxerrois et motivé son installation précipitée, en 1572, dans ce qui allait devenir l’Hôtel de la Reine. La reine mère décéda le 05 janvier 1589 au château de Blois. Le confesseur appelé pour lui porter l’extrême-onction se nommait Julien de Saint-Germain.
Si Ruggieri était un grand spécialiste des astres, il était également familier avec d'autres méthodes magiques : lecture dans les viscères des animaux, miroirs magiques, envoûtement à l'aide d'épingles plantées dans des figurines de cire.
Les auteurs du XIXème siècle sont largement responsables de cette légende, au premier chef desquels, Honoré de Balzac avec La Confidence des Ruggieri et Le Secret des Ruggieri. Ces romans historiques tirés des "études philosophiques" où il traite de Catherine de Médicis, sont le point de départ d'une littérature, nombreuse et variée, qui va façonner le mythe Ruggieri, et attribuer à l'astrologue un père "Ruggieri le Vieux" et un frère "Laurent", bien que l'existence de ces personnages ne soit pas incontestablement prouvée.
 
Gabriel-Louis Pringué, écrivain et intime de la famille de Broglie, séjourne régulièrement à Chaumont. Il raconte, dans son ouvrage intitulé Trente ans de dîners en ville : "J’ai tenté d’y surprendre la sarabande des fantômes et des spectres s’échappant des escaliers secrets. Ruggieri y composa ses poisons, dont les flacons demeuraient encore enfermés dans sa chambre, tout en lisant, dans les astres, l’avenir de la France…"

 

 

Maquette de l’aile Est et de la Chapelle
Cette maquette, constituée de cinq morceaux en plâtre peint, a été réalisée en 1878 à la demande du prince Henri-Amédée de Broglie, par l’architecte Paul-Ernest Sanson et le sculpteur Antoine Margotin, à qui l’on doit également la cheminée néo-gothique de la Salle à manger.
Le prince de Broglie ne vient que très rarement à Chaumont pour le suivi des travaux de restauration. Cette maquette envoyée à l’hôtel particulier des Broglie situé à Paris au n°10 de la rue de Solférino, permet au prince de valider ou refuser les propositions architecturales de Paul-Ernest Sanson.
Sanson prévoit le rétablissement des coursières des façades Ouest et Est au second étage avec un décor de coquilles rétrospectivement inspiré des corniches de l’aile François Ier à Blois et d’autres édifices régionaux (à Beaugency, à Orléans…). Il prévoit également de rétablir les lucarnes et de supprimer la crête faitière de la chapelle.

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