A. Tamás Dezsö

Chez Tamás Dezsö, la photographie se construit comme une réflexion sur la mémoire des formes et la fragilité du monde. Photographe hongrois né en 1978, il développe une œuvre qui interroge traces, effacements, résurgences, non seulement dans l’espace post-soviétique auquel il fut longtemps associé, mais aussi les relations que nous entretenons avec la nature.

Formé au photojournalisme à l’orée du nouveau millénaire, il s’oriente ensuite vers une photographie documentaire d’auteur, plus lente et méditative. Mais au fil du temps, l’artiste a déplacé son regard. Ce n’est plus seulement l’histoire des hommes qui l’intéresse, mais la manière dont le vivant, dans sa diversité la plus humble, résiste à l’oubli. Depuis plusieurs années, son attention se porte donc sur le végétal. La série Garden engage une méditation sur les formes d’organisation que les plantes élaborent hors de notre regard. Loin de figer un jardin dans une composition d’ensemble, Tamás Dezsö cadre au plus près, scrutant tiges, feuilles et branches. Les photographies n’obéissent à aucune perspective classique : tout est frontal, mêlé, enchevêtré, comme si le végétal s’était affranchi de notre œil pour jouer une partition autonome.

Dezsö ne dévoile pas une nature cachée, mais suspend nos automatismes perceptifs. Ses images imposent une lecture sans centre. La plante n’y est jamais seule : elle est relation, appartient à un tout mouvant que la photographie ne fige pas, mais condense.

La série Tout se met à flotter radicalise ce déplacement perceptif. En changeant les couleurs, Dezsö crée un trouble optique qui bouleverse nos repères. Les formes persistent, mais ne renvoient plus à un réel connu. Débarrassé de ses teintes familières, le végétal perd ses codes. L’œil ne sait quoi en penser. Les photographies affirment le végétal comme sujet de l’image, comme présence tranquille, rendant au monde végétal sa discrète puissance.

REPÈRES BIOGRAPHIQUES