02. Sculptillonnages
Publié le 03/11/2017
Le principe de ce jardin inventif est simple : le « sculptillonnage », en référence aux hortillonnages, est une sculpture végétale ou animale qui indique au jardinier les espaces de biodiversité, les limites de sa tonte, les circulations..., tout en dessinant une forme artistique et ondulatoire. Outre son aspect esthétique, il a une vocation d’abri pour les animaux, pour nourrir, donner à boire et faciliter la vie au jardin de tous ses auxiliaires. Il est réalisé dans un matériau simple, rustique, un grillage à mailles hexagonales, détourné de son utilisation première, l’élevage de poules.
Principaux acteurs de ce jardin, les « Champicomposteurs » jouent le processus de la décomposition de la matière organique pour faire renaître la vie. Ils donnent, aux petits comme aux grands, une image souriante et simple du compostage, non plus comme une contrainte, un coût en temps, en énergie. Leur remplissage fait partie de l’œuvre et varie : le grand est rempli des tontes, des déchets ramassés et découpés en alternant les couches pour respecter le meilleur rapport Carbone-Azote et mettre en valeur l’esthétique des textures et des couleurs, un autre est opaque et utilise les bactéries anaérobies (qui n’ont pas besoin d’oxygène pour se développer), le petit est uniquement rempli de BRF (bois raméal fragmenté).
Autres innovations artistiques au profit des animaux : le « Papiliolilium » (abreuvoir à papillons), le « Soliculusinsectus » (tournesol abri à abeilles solitaires), fleur d’ail, fleur de grillage (réservoir à nourriture pour oiseaux), des coccinelles et un puceron vert.
L’eau est présente dans ce jardin par une collection d’anciens arrosoirs qui rappelle l’importance de la main de l’homme dans le jardin.
Allier création artistique et développement durable, magnifier le geste du Jardinier dans la biodiversité, tel est le double enjeu de ce jardin.
CONCEPTEURS
Corinne JULHIET-DÉTROYAT, paysagiste et Claude PASQUER, architecte-paysagiste DPLG
FRANCE
Corinne Julhiet-Détroyat, paysagiste diplômée de l'École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles, s'est progressivement spécialisée dans les jardins provençaux, jusqu'à s'installer sur cette terre vauclusienne. Sa formation initiale de psychologue et son expérience de plus de 25 ans comme chef d'entreprise lui ont servi d'échafaudages pour mieux prêter attention et écouter la nature. Les contraintes de ce climat et les pentes des terres lui donnent un prétexte à révéler l'espace autrement que les modèles classiques de jardin, à allier paysage intérieur et extérieur, par la recherche de végétaux rustiques, par l'économie d'arrosage, par la mise en scène d'objets anciens auxquels elle donne une nouvelle vie « au jardin ». Sa priorité est le respect du paysage provençal, avec ses restanques, ses pierres, ses vues sur le Luberon.
Claude Pasquer, architecte-paysagiste DPLG diplômé de l'École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles, Il exerce depuis 18 ans dans les métiers du paysage et, plus particulièrement, en aménagement ou réhabilitation en secteur sauvegardé. Intervenant en formation continue à l'École de Versailles, il est en charge du cours « Croquis de Jardin ». Depuis 8 ans il s’emploie à réinventer la sculpture de Jardin avec pour médium de prédilection un matériau simple : le grillage hexagonal. Il le façonne, le coupe et le compresse afin de donner vie à un nouveau vocabulaire. Sa démarche s’inscrit dans une dynamique orientée jardinage « naturel » et développement durable.