Miquel Barceló

Artiste protéiforme dont la capacité de travail et l’appétit vital ne sont pas sans rappeler ceux de Pablo Picasso, Miquel Barceló est un enfant chéri de l’art contemporain international.

Connu pour son approche expérimentale, il aime inventer matériaux et techniques. Que ce soit à l’aide d’eau de javel, de matière organique ou même d’insectes vivants, le style de Barceló explore la décomposition, la lumière et le paysage naturel. Diplômé de l’École des Arts Décoratifs de Palma de Majorque en 1973, il fait son premier voyage à Paris à la même époque, et y découvre l’art brut comme l’art informel avec notamment les œuvres de Jean Dubuffet, Antoni Tàpies, Jean Fautrier et Wols qui constitueront ses premières sources d’inspiration artistique.

Son œuvre évoque à bien des endroits l’art des cavernes préhistoriques et invente des formes que les hommes premiers n’auraient peut-être pas reniées. “

Au cœur d’un bosquet, le monstre de La Grotte Chaumont nous présente le fond de sa gorge déployée comme une caverne sous-marine. Ses dents telles des concrétions menacent de se refermer à l’instant, subtilisant à notre regard un monde en train de naître ou d’être digéré. Mais n’est-ce pas Jonas qui se tient là tout au bord de la baleine ? La figure hiératique, nue comme Adam, semble attendre d’être rejetée sur la terre ferme. Et qu’est-ce donc que ce rouge qui déborde entre deux dents ? Une langue ? Que nenni ! Peut-être bien un vêtement comme dans la scène peinte par Pieter Lastman en 1621. Preuve encore que l’artiste peint sans cesse et que son œuvre s’inscrit dans l’immense fil de l’histoire de l’art tendu entre la grotte Chauvet et la grotte Chaumont.

REPÈRES BIOGRAPHIQUES

Né sur l’île de Majorque en 1957, Miquel Barceló est d’abord peintre mais aussi dessinateur, graveur, sculpteur et céramiste. Inscrit aux Beaux-Arts à Barcelone en 1975, il en fuit rapidement l’académisme pour rejoindre le collectif conceptuel Taller Llunatic opposé au gouvernement de Franco. Dès 1977, il intègre des matières organiques à ses toiles, ce qui restera une technique parcourant l’ensemble de son œuvre.

Membre du comité scientifique chargé de la restitution de la grotte Chauvet-Pont d’Arc, berceau de l’art préhistorique situé en Ardèche, il est l’une des rares personnes à avoir pu approcher les fresques originales. Fasciné par ces réalisations sur des parois rocheuses, il s’en inspire largement, notamment à l’occasion de son exposition Miquel Barceló. Sol y sombra à la Bnf en 2016, recouvrant d’argile liquide une verrière de 200 m de long et 6 m de hauteur. Il y fait encore référence dans le cadre de l’exposition collective du Centre Pompidou en 2019, Préhistoire, une énigme moderne, qui présente une fresque murale sur vitre de l’artiste.

En 2024, Miquel Barceló livre au Domaine de Chaumont-sur-Loire une extraordinaire sculpture, objet d’une commande spéciale de la Région Centre-Val de Loire. L’animal fabuleux fait désormais partie de la collection d’œuvres pérennes de l’institution, visibles 363 jours par an.