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La Salle des Gardes

Publié le 19/10/2022

Au XVIème siècle, cette salle a une position tout à fait stratégique dans le Château et remplit trois fonctions : elle est d’abord le passage obligé pour aboutir à la chambre de parade, sorte de sas de sécurité où les gardes du roi ou du seigneur attendent. C’est également dans cet espace que les gardes s’entraînent à la manipulation des armes. Enfin, ce lieu permet à la fois de surveiller l’extérieur du Château, c'est-à-dire le pont-levis, du côté de la fenêtre donnant sur le parc, et d’avoir un regard sur la cour intérieure.

Les Broglie redonnent à cette salle sa fonction et décident pour cela, une campagne d’acquisition de nombreuses armes datant du XVème au XIXème siècle.

D’autres éléments exposés sur le manteau de la cheminée (bouclier, casque et plates rectangulaires de torse) datent de la fin du XIXème siècle. Ils proviennent de l’Empire Ottoman et ont été offerts par le Maharaja de Kapurthala au prince de Broglie dont il était un ami très proche. La princesse de Broglie recevra, quant à elle, une éléphante nommée Miss Pundgi.

 

Miss Pundgi
Ce pachyderme est l’un des présents offerts à la famille de Broglie par le Maharajah de Kapurthala. Acheminée par paquebot depuis Bombay le 24 septembre 1898, cette femelle éléphant de la taille d’un ânon, âgée de deux ans, arrive à Marseille, le 9 octobre 1898.
Celle-ci est de plus accompagnée de son premier cornac, Ping Hanny, breveté vétérinaire, qui reste auprès de l’animal à Chaumont pendant environ deux années. Ce premier cornac hindou est remplacé par un autre cornac du nom de Kiry Sadoon qui ne s’occupe que très peu du pachyderme, en raison du “mal de pays”. Par la suite deux indigènes “Chaumontais”, ont la responsabilité de cet animal.
Les dépenses occasionnées par l’éléphante (nourriture, entretien) apparaissent dans toutes les prévisions budgétaires à partir de 1899. Dans les prévisions budgétaires de l’année 1905, le chapitre “éléphant” est particulièrement détaillé pour la première fois comme si le régisseur du domaine voulait faire prendre conscience au prince de Broglie du coût de revient du pachyderme. En 1906, pour la première fois depuis 1899, l’animal n’est pas cité dans les prévisions budgétaires, la décision est prise de s’en séparer. La Princesse de Broglie offre l’éléphante au Jardin d’acclimatation de Paris.
 

Dans ses mémoires, la comtesse Jean de Pange, nièce du prince Henri-Amédée de Broglie, mentionne lors d’un séjour effectué à Chaumont en 1907: “Je suis bien déçue d’apprendre que Pundgi, l’éléphante n’est plus dans son aouda. Ma tante, à son grand chagrin, a été contrainte de l’envoyer au jardin d’acclimatation. Pundgi devenait méchante du départ de son dernier cornac hindou. L’éléphante qui a passé près de 10 ans à Chaumont rendait quelques services mais mangeait comme vingt chevaux (il semble que ce nombre est exagéré). Mais mon oncle ajoutait ‘Pundgi n’avait pas sa pareille pour suivre les chasses et retrouver avec sa trompe le gibier perdu dans les fourrés’. On regrettait Pundgi mais beaucoup moins les cornacs. Ils avaient le cafard en Touraine. Souvent, le curé était venu au château se plaindre des ravages exercés par les séduisants hindous par les jeunes filles du village.Comment j’ai vu 1900, Derniers bals avant l’orage, Comtesse Jean de Pange, Éditions Grasset, 1968.

Gabriel-Louis Pringué, écrivain et intime de la famille de Broglie, séjourne régulièrement à Chaumont. Il mentionne, dans son ouvrage intitulé Trente ans de dîners en ville : “que grâce à l’incurie et au goût du jeu d’un des administrateurs de son immense fortune, la princesse de Broglie perdit un beau matin 28 millions de francs or. Elle n’en fut que relativement impressionnée et dit à son mari cette phrase : Aussi ai-je décidé de supprimer les petits pains de foie gras au goûter. Pas un instant elle ne songe a à se débarrasser de son éléphant qui dévorait la ration quotidienne de six chevaux.

 

Le coffre-fort
Ce coffre-fort a été réalisé à la fin du XVIème siècle à Nuremberg, en Allemagne, et pèse à vide 250 kilos. Son poids ne permettait pas à ce coffre de suivre la cour dans son itinérance. Il restait dans la demeure principale du seigneur. Ce dernier servait à mettre en sécurité les chartes, c'est-à-dire les archives, titres de propriété, actes notariés d’une famille aristocratique.
La serrure, composée de 20 pênes, est un mécanisme fort complexe puisqu’il fallait tourner la clé de quatre façons différentes pour pouvoir ouvrir dans sa totalité le grand coffre. À l’intérieur est placé, à gauche, un petit coffre-fort intérieur, possédant trois serrures ainsi qu'une clé différente du premier coffre-fort.

OUVRAGE